Le libéralisme de Thatcher fait-il école ?

Si cet article vous étonne, c’est que vous ne faites pas le rapport, au  niveau du « tout est dans tout », et nous pouvons dire que malheureusement , nous pouvons le mesurer en ce moment : la situation économique,  notre vie privée et publique sont interdépendantes , savoir et comprendre ce qui nous entoure permet d’ajuster son comportement.

Nous le faisons peut-être sans nous en rendre compte, mais savoir est mieux, même si c’est compliqué, pénible et déprimant pour certains.

Aussi voici un ancien article économique passé en 2017,   sur un pays ami des États-Unis, mais aussi de l’Europe, l’Angleterre, que j’ai réactualisé pour 2025. On  y lira   presque les mêmes constatations que celles faites chez nous,  même si nous n’avons pas eu les mêmes gouvernements, puisque nous avons élu Mitterrand en 1981 comme président socialiste alors qu’il était de droite avec quelques idées de gauche mais peut-être moins que son prédécesseur finalement, puis Chirac,  Chirac, et Chirac.

Ce changement se fait par une propagande bien orchestré, connue qui a recours à des pratiques psychologique une guerre de l’information et de la désinformation ; au niveau de la politique, on peut  observer, dans les relations nationales et internationales, des stratégies qui rappellent l’inversion des rôles et la manipulation psychologique. Les puissants utilisent souvent la rhétorique du retournement pour justifier leurs actions et décrédibiliser l’adversaire. Chacun accuse l’autre de ce qu’il fait lui-même : ingérence,  propagande, manipulation de l’opinion publique. Cela crée une confusion où chaque camp se présente comme la victime et l’autre comme l’agresseur. Ce phénomène est amplifié par la communication médiatique et les discours officiels, où la perception des faits devient un enjeu stratégique autant que les faits eux-mêmes.  C’est une forme de guerre narrative, où la maîtrise du récit devient aussi importante que la vérité reconnue.

« A partir de 1979, la politique de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, marque l’entrée dans une politiquenéolibérale qui a relevé le pays, mais augmenté la pauvreté de la population : avec le retrait de l’état providence, la dérégulation des marchés, la privatisation des grandes entreprises publiques,  l’adoption d’un modèle économique fondé sur l’expansion du secteur des services et, de la finance : les banques centrales,  sous Margaret Thatcher adoptent des politiques monétaristes pour lutter contre l’inflation (hausse des taux d’intérêt, réduction de la masse monétaire selon la doctrine de Friedman*).

« Cette politique accompagnée d’une forte contraction du secteur manufacturier ne représentant plus que 13% de la production britannique en 2011, a vu une paupérisation de la classe ouvrière et un accroissement des inégalités sociales.

« En 2010, le Royaume-Uni était la 6e économie mondiale avec un PIB de 2 247 milliards de dollars, pour autant, la pauvreté n’a pas été éradiquée puisque 13,1 millions de personnes vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, ce qui correspondait à 22% de la population.

« Comment mesure-t-on ce phénomène et quelles en sont les conséquences dans un pays développé comme le Royaume-Uni ou  la France ?

« Certaines catégories de la population ont été identifiées comme  exposées à la pauvreté : les jeunes, les personnes âgées, les chômeurs,  les familles monoparentales et les personnes en situation de handicap.

« Le taux le plus élevé  à Manchester,   Birmingham et Liverpool, atteint 23%, contre une moyenne nationale de 13%. Par ailleurs, plus de la moitié des enfants vivant dans une famille monoparentale, sont pauvres, contre un quart dans les familles composées de deux parents. En 2011, l’association Save The Children publiait un rapport indiquant qu ’1,6 million d’enfants de moins de 14 ans vivaient dans une situation de pauvreté aggravée, c’est-à-dire dans un foyer disposant de moins de la moitié du revenu médian comparé à un foyer de taille équivalente.

« La pauvreté des seniors est également préoccupante : même si les chiffres sont en baisse par rapport au début des années 1990, 2,3 millions de retraités (30%) vivent sous le seuil de pauvreté au Royaume-Uni, désormais quatrième au classement européen de la pauvreté des plus de 65 ans. « Une étude de l’organisation caritative « Age Concern » montre quun retraité sur cinq saute un repas par jour pour faire des économies et que 40% ont des difficultés à se procurer des biens de première nécessité. Cela s’explique par la présence de régimes de retraites disparates.  Les prestations du régime public sont de très faible niveau et dans la plupart des cas, complétées par une affiliation à une caisse de retraite privée. L’augmentation de la part de la capitalisation a dégradé les conditions de retraite des plus pauvres.

Par ailleurs, la crise économique a entraîné une chute des actifs financiers, ce qui aura eu pour effet de diminuer considérablement le niveau des retraites, pour l’ensemble de la population. En 2010, un rapport dressait un constat alarmant,montrant qu’en trente ans, le fossé entre les riches et les pauvres s’était creusé : les revenus du salaire et du patrimoine des   plus riches de la population, étaient cent fois supérieurs à ceux dont disposaient les 10% de citoyens les plus pauvres. En 2010,  le Royaume-Uni était classé  parmi les pays les plus inégalitaires de l’Union européenne.*

« Depuis 2020, le Royaume-Uni a traversé des transformations économiques et sociales majeures, influencées par des événements tels que le Brexit et la pandémie de COVID-19.  Les inégalités de richesse se sont accentuées, les 10 % les plus riches détenant entre 50 et 60 % du patrimoine national, tandis que les 50 % les plus pauvres n’en possèdent que 9 %. Cette concentration de richesse limite la mobilité sociale, complique l’accès au logement et freine la croissance économique.

Les défaillances des services publics, notamment dans la santé et la garde d’enfants, ont freiné l’emploi. Environ 12,2 % des 16 à 24 ans étaient sans emploi ni formation en 2024. Les longues listes d’attente dans le système de santé et les frais de garde élevés ont également contribué à cette situation.Les pubs (image), symboles de la culture britannique, ont été durement touchés, avec 305 fermetures en Angleterre et au Pays de Galles au premier semestre 2024. Cette tendance reflète les défis économiques et sociaux auxquels ces établissements sont confrontés. « ​**

Cependant et là est la surprise désagréable : selon les données de 2024, le Royaume-Uni se classe au 6ᵉ rang mondial en termes de produit intérieur brut (PIB), avec un PIB estimé à 3 479 milliards de dollars et La France occupe la 7ᵉ place, avec un PIB estimé à 2 806 milliards de dollars tandis que l’Allemagne est au 4em rang avec un PIB,  de 4.120 milliards de dollars.

Aussi aux vues de ces résultats, voyons la politique de l’Allemagne durant la période d’ Angela Merkel, chancelière de l’Allemagne de 2005 à 2021, qui a marqué son mandat par une série de réformes et d’améliorations significatives dans divers domaines économiques, sociaux et politiques.

Voici un aperçu des principales améliorations et réformes qu’elle a mises en œuvre durant ses 16 années à la tête du gouvernement :

  • réformes du marché du travail) : A partir de  ces réformes  initiées sous le gouvernement de Gerhard Schröder, Merkel a continué et ajusté la politique. Les réformes  ont facilité la flexibilisation du marché du travail et renforcé l’emploi. Elles ont introduit des mesures d’incitation à l’emploi, mais ont aussi été critiquées pour leurs effets sur les plus vulnérables (chômage de longue durée).

  • Politique de compétitivité et de soutien à l’industrie notamment dans les secteurs de l’automobile, de la machinerie et de l’ingénierie. Elle a mis en place des mesures pour maintenir la compétitivité industrielle de l’Allemagne, en particulier dans un contexte  de mondialisation.

  •  Sous sa direction l’Allemagne a connu des excédents budgétaires pendant plusieurs années, grâce à sa politique de rigueur fiscale. Cela lui a permis d’être perçue comme un modèle de stabilité budgétaire, contribuant à la stabilité économique de la zone euro. Merkel a mis en œuvre des politiques visant à respecter les règles fiscales de l’UE tout en favorisant la croissance.

  • Lorsque la crise financière mondiale a éclaté en 2008, elle a pris des mesures pour stabiliser le système financier allemand. Elle a nationalisé certaines banques et a mis en place des plans de sauvetage pour soutenir les institutions financières. Elle a également soutenu les mesures de relance à l’échelle européenne et allemande pour maintenir la croissance économique. Elle a joué un rôle clé dans la gestion de la crise de la dette souveraine en Europe, notamment en soutenant les programmes d’austérité et les plans de sauvetage pour les pays en difficulté, comme la Grèce, le Portugal, et l’Espagne. Bien que controversées, ces politiques ont permis à la zone euro de se stabiliser.  Elle a insisté sur la solidité fiscale comme condition pour tout soutien financier.

  •  Un de ses plus grands projets  a été la mise en œuvre de la transition énergétique, visant à rendre l’Allemagne moins dépendante des énergies fossiles. Après la catastrophe de Fukushima en 2011, elle a abandonné le nucléaire et s’est engagée à augmenter la part des énergies renouvelables (solaire, éolien,etc.) dans le mix énergétique allemand. Sa politique  a conduit à des investissements massifs  et à une réduction de la consommation de charbon,  bien qu’il y ait eu des réouvertures en 2025 –  cette transition ayant  posée des défis en termes de coûts et de gestion de l’intermittence énergétique. Elle  a encouragé les partenariats public-privé pour soutenir cette transition de   la lutte contre le changement climatique, mettant en place des politiques visant à réduire les émissions de CO2 et à atteindre les objectifs climatiques fixés par l’UE, défenseure de l’accord de Paris sur le climat , soutenant des initiatives pour encourager une croissance verte tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
  •  Angela Merkel a amélioré certains aspects du système de protection sociale, notamment en ce qui concerne l’aide aux familles et mis en place des programmes  avec une augmentation des allocations familiales et, un développement de l’offre de garde d’enfants,  pour aider les femmes à concilier vie professionnelle et familiale.  Elle a également réformé le système des retraites pour répondre aux défis démographiques,  en introduisant une augmentation progressive de l’âge de la retraite soutenant l’idée de la pension de base,  pour assurer une couverture minimum aux retraités à faible revenu.

  •  L’un des moments les plus controversés du mandat de Merkel a été sa décision d’ouvrir les portes de l’Allemagne aux réfugiés pendant la crise migratoire de 2010 en invoquant des principes humanitaires, mais cela a conduit à des tensions internes et externes en Europe. Cependant, cette politique a été vue comme un acte de solidarité, contribuant à renforcer sa main-d’œuvre et elle a également mis en place des politiques visant à mieux intégrer les migrants dans la société allemande, en facilitant leur accès à la formation, à l’emploi, et à la participation civique.
  •  Elle a été défenseure ferme de l’Union européenne (UE) et a œuvré pour renforcer les liens au sein de la zone euro. Elle a plaidé pour une Europe unie et solidaire en période de crise, tout en insistant sur la responsabilité fiscale. Elle a également soutenu la mise en place d’une union bancaire en Europe pour renforcer la stabilité financière.

  • Sur la scène mondiale, elle a représenté l’Allemagne comme une puissante voix modérée et pragmatique, notamment dans les discussions sur des questions géopolitiques majeures, telles que le Brexit, les relations avec les États-Unis, la politique migratoire mondiale  : son héritage repose sur une Allemagne forte, stable, et engagée sur la scène mondiale.

     Or les politiques économiques efficaces tendent à favoriser les individus ou les entreprises qui produisent le plus de richesse, ce qui  entraîne les inégalités. En revanche, les politiques d’équité cherchent à réduire ces inégalités, mais cela peut parfois ralentir la croissance économique ou l’innovation. Ceci est souvent débattu à propos de la politique sociale…Cependant les seules rouages des politiques économiques oublient généralement de calmer la demande de toujours plus de bénéfices de la part  des actionnaires. Même, s’il est important de noter qu’un certain niveau de rentabilité des actionnaires est nécessaire pour maintenir la santé financière des entreprises, et attirer les investissements, il existe plusieurs approches pour limiter la demande des actionnaires et pour maximiser les rendements à court terme tout en favorisant une croissance économique stable et durable,  ceci nécessitant une combinaison d’interventions gouvernementales, de modifications de la gouvernance d’entreprise, d’incitations fiscales, et de réformes stratégiques à différents niveaux  en assurant une gestion responsable, durable et équilibrée. 

 

*article de Corinne Nativel, source publication scientifique du Centre de recherches internationales (CERI). pour plus de lecture

** journal le monde

nota :Friedman estime que les politiques de relance keynésiennes (hausse des dépenses publiques) créent des déséquilibres et des distorsions économiques. Il prône une réduction des interventions de l’État et une libéralisation des marchés.