Je retranscris ici des notes prises lors d’une Conférence de Christine Hardy en octobre 2012, lors de la présentation de son livre.
Christine Hardy : « Jusqu’au milieu des années 50, il y avait d’un côté les biologistes qui disaient que les sentiments étaient secrétés par les hormones et, lorsqu’est apparu l’intelligence artificielle de l’ordinateur, après une physique des mécanismes d’horloge, la pensée fut considérée comme secrétée par le cerveau qui était le hardware avec un logiciel le software qui venait se greffer dessus, c’était le behaviourisme ou comportementalisme en français,la psychologie du comportement.
Puis vint la psychologie cognitive qui étudie les états cognitifs de conscience disant que l’expérience du sujet est intériorisée, personnalisée : Par exemple, vous prenez une pomme, vous la coupez en deux, et vous en donnez la moitié à quelqu’un d’autre : votre expérience de cette pomme est différente, vous n’aurez pas la même sensation de sucré, etc. c’est une perspective première personne. La position troisième personne –third eye- dit : « cette pomme est sucrée, c’est une royal gala, différente de la Golden , etc» or toute la science est une perspective troisième personne.
La psychologie transpersonnelle fondée par Charles Tart * étudie les états intériorisés de conscience, les états au-delà du moi de veille, toute activité modifiée par rapport à cet état : le rêve, l’hypnose, la rêverie, la méditation, le yoga, l’art martial, un travail qui vous déconnecte de votre environnement vous plongeant dans une état différent.
Jung, précurseur dissident de Freud, meurt en 61, mais durant la décennie 50/60, il a apporté son maximum, bâtissant une autre vision de la psychologie.
«Freud, lui, était au même niveau qu’Aristote, une science masculine, mentale, blanche. Les travaux qui ont suivi depuis, provoquent une nouvelle orientation des mentalités, rééquilibrant les pôles masculin et féminin, le féminin, ayant été trop longtemps bafoué : la mère nous met au monde, elle est le yin du yang du ciel, la mère capte Énergie du ciel, le cosmos. Dans toutes les cultures, la matrice, le yang envoie au yin de la terre, ça passe par le centre de la terre qui est tellurique et, que nous captons au niveau de la rate qui synthétise le fer ».
« Jung reconnait les mythes dans le discours de ses patients, mythes mis en scènes parfois dans un rêve, et comme il avait une immense culture, il reconnait en les écoutant beaucoup de choses qui se recoupent. Il en déduit que nous partageons les grands mythes, qui sont les racines de l’humanité, qu’il appellera plus tard des archétypes : par exemple le mythe de la femme-mère est partout – la Vierge, Mythra, etc-. »
Jung comprend que l’être humain est capable d’évolution psychique, grâce à une entité qu’il appelle le Soi que d’autre appelle l’âme, ceci avec une connotation religieuse.
Le Soi a de grands rêves, au contraire de Freud qui dit que nous sommes tous névrosés. Jung lui, laisse à voir une perspective scientifique de l’être qui cherche à s’épanouir : notre Soi crée des événements qui font aller quelque part, lorsqu’une situation installée s’effondre, c’est la marque du Soi, qui nous fait aller quelque part pour agir, le Soi cherche un processus d’évolution psychique et spirituelle.
On retrouve dans les cultures chamaniques, etc, les rites d’initiations qui sont tous les mêmes, un être actif en symbiose avec la nature. Il faut savoir que Newton a lui-même eu du mal à faire passer sa théorie dont une partie a été refusé par la Science, comme celle des interactions à distance. Toutes les sciences humaines sont emprisonnées dans le schéma d’une science mécaniste, d’ une dynamique de plomberie, les flux, les humeurs, avec quand même les pulsions sexuelles qui sont reconnues comme des énergies. Mais Jung pense qu’il y a autre chose, il introduit la notion d’instinct spirituel, d’énergie psychique.
Par exemple, dans l’ancienne psychologie, le mot amour s’inscrirait comme en informatique avec les symboles 0 1, qui ne peuvent jamais changer, mais on sait que c’est faux, le concept amour est ressenti d’une certaine façon dans l’enfance et ensuite, en grandissant, il est différent. On n’a donc une représentation dans le cerveau qui est différente de celle du début de la vie.
Il y a la notion de ce que Christine Hardy a baptisé champ sémantique, un champ de sens ! La conscience se déploie, une perspective subjective et vivante en harmonie avec le vivant autour de nous, chaque domaine d’une culture va enrichir notre propre conscience, notre mental va devenir flexible, on comprendra mieux les concepts.
On passe du paradigme de Descartes, esprit/corps à « la conscience est une énergie », les choses qui nous entourent ont des vibrations particulières qui se croisent, en interaction avec nous.
La conséquence, c’est que si on est en synergie avec notre environnement on fait d’autres choix !
Dans les sciences cognitives, il y a l’épistémologie, qui étudie comment on va se comporter, on pense qu’on va accumuler des savoirs, en fait et au contraire avec lesquels, on interagie.
La conscience crée de l’énergie, quand vous avez une idée, c’est du sens entrain d’agir, quand vous regardez quelque chose c’est du sens, entrain d’agir, vous avez du sentiment, il y a une conscience corporelle, la conscience du corps, tout est en interaction, tout communique, c’est un système : corps-psyché, esprit. C’est différent de la science « third eye ».
Si vous avez besoin de bois et que vous avez un jardin, vous choisissez un arbre que vous coupez sans état d’esprit par rapport à des critères » bois à scier », mais si vous aimez un arbre et votre réaction n’est pas la même, si quelqu’un décide de le couper sans votre autorisation.
Vous mettrez du sens, l’énergie psychique devient de l’énergie sémantique. Un parc avant d’être un lieu de repos et de promenade, est d’abord un grand terrain sans âme, mais une fois qu’il est construit par des architectes paysagistes, il devient une culture humaine, pourtant c’est le même lieu.
Pour chaque état de conscience, vous faites intervenir un vocabulaire particulier et des comportements liés aux lieux. Une église est un champ sémantique dans lequel vous baissez la voix et vous marchez lentement. La Joconde est un champ sémantique particulièrement riche : Léonard de Vinci voyageait avec partout et, elle est au Louvre auréolée de sa gloire, mais si elle part dans un autre musée, sa place est toujours là, une place devenue « sacrée ». L’homme de Vitruve qui figure sur la couverture du livre possède aussi un champ sémantique.
Donc, l’objet a une « aura », au sens propre et au sens figuré… »
Charles Tart est internationalement connu pour ses recherches durant plus de 50 ans, sur la nature de la conscience, les états altérés de conscience et la parapsychologie, il est l’un des fondateurs de la psychologie transpersonnelle. Son travail et celui d’autres savants, l’ont convaincu que nous sommes des êtres spirituels, mais la philosophie dominante matérialiste de notre époque dénie dogmatiquement toute réalité au spirituelle. Ceci blesse des gens, les écrase, en rejetant un des aspects vital de leur personnalité.