Pour mettre une société sous emprise Noam Chomsky* a étudié les différentes manières dont s’y prennent les gouvernements afin de limiter les révoltes : voici un petit bréviaire pour ouvrir son sens critique que vous avez sans doute déjà utilisé. Bien que nous étudions le « Connais-toi, toi-même », nous sommes acteurs dans une société plus large dont nous subissons les contraintes, il faut donc savoir quelques manœuvres connues de nos dirigeants, notamment au moment des élections. Ces tactiques mentales sont :
Détourner l’attention du public des problèmes importants avec des informations insignifiantes ou éloignées géographiquement, loin des véritables problèmes sociaux, ou pour le détacher des réalités qui le concernent, ne pas lui fournir les informations utiles et intéressantes qui l’instruiraient, en évitant et supprimant les émissions culturelles, en les plaçant à des horaires trop tardifs, par exemple. Actuellement, tout une partie des personnes sont éloignées du progrès par l’internet, parce que celui-ci n’est pas financièrement ni intellectuellement à leur portée, ces personnes sont donc coupées des services publics notamment dans les campagnes.
Appliquer le Système appelé problème-réaction-solution : créer des problèmes, offrir des solutions , laisser s’installer la violence, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de sa liberté, créer une crise économique pour faire accepter le recul des droits sociaux, en limitant les devoirs de l’état (disparition des services publics « par manque de finances »).
Faire accepter une mesure inacceptable progressivement (néolibéralisme), comme les bas salaires , les délocalisations, vendues comme douloureuses mais nécessaires, en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur, en la différant ( par exemple : les traités d’échange qui mettent l’agriculture nationale en péril)
S’adresser au public d’une façon infantilisante en faisant appel à l’émotionnel, pour diminuer son sens critique : sondages, micro-trottoirs avec des personnes qui sont d’accord pour faire des sacrifices si c’est nécessaire, en coupant celles qui ne le sont pas.
Diminuer ou supprimer carrément l’information et l’éducation en maintenant le peuple dans l’ignorance en le sous estimant, lui offrant des spectacles débilitants, médiocres de peu de qualité, vulgaires, et en faire une nouvelle culture décontractée « cool » , on mobilisera alors les jeunes, les plus influençables sans les braquer, et ceux qui se veulent toujours jeunes. L’attitude branchée a toujours séduit et le jeunisme est une mode.
Insuffler un vent de culpabilité pour limiter la révolte, en mettant en cause les capacités, les efforts, en culpabilisant, en inhibant l’action : par exemple, actuellement, le télé travail est repris en main parce qu’il autonomisait trop les salariés, sous le prétexte d’un esprit d’équipe en diminution, les crédits des entreprises pour embaucher des jeunes en apprentissages sont diminués.
D’après « Armes silencieuses pour guerre tranquille », d’après articles de Pressenza 21/9/10 ; texte étant version abrégée de la préface d’un recueil de textes de Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis, Agone, Marseille, 2001.
nota : « En France, Noam Chomsky a été l’objet de campagnes de disqualification d’autant plus vives et régulières qu’il a su détailler, calmement, l’imposture d’un discours à géométrie variable sur les « droits de l’homme », lequel, souvent, couvrait les forfaits de l’Occident. Son engagement est fondé sur des principes comme la vérité et la justice, et non sur le soutien à un camp historique et social, quel qu’il soit… Sa démarche intellectuelle est consacrée à l’analyse des mécanismes idéologiques des sociétés occidentales »
Dessins d’Oli, dessinateur belge, bien sur !