Hommage au septième art qui fait son show

Le Septième art fait son show dans la belle ville de Cannes. Hier, Harrison Ford, jeune héros de quatre vingt ans recevait une Palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, en venant présenter le cinquième opus des « Indiana Jones »,  qui fait rêver petits et grands !

Mais toutes les manifestations culturelles et sportives,  attirent des  critiques, les accusations de certains journalistes tissent  les mélodrames, et les cabales contre un  acteur nuisent à  l’objectivité du spectateur, qui ne peut plus se laisser emporter par l’histoire.

L’art sous toutes ses formes  est devenu le bouc émissaire des écologistes – jet de peinture et de soupe sur les tableaux dans les musées, sauts de peinture sur les statues – et  des « chiennes de garde de la police des mœurs » qui  se mêlent de la vie privée des acteurs qui s’y trouvent.

Ici, je parlerais   de l’amour du cinéma, des acteurs capables par leur talent, de faire vivre des histoires écrites par des scénaristes qui décrivent  souvent des situations très originales , et à Cannes  c’est l’inventivité et la nouveauté qui est souvent récompensée.

Cannes est le plus grand festival du monde, de l’avis de tous les cinéphiles, mais le tapis rouge* est le symbole d’une richesse qui dérange  certains qui ont décidé de nous faire vivre au Moyen-Age de l’humanité, pourtant depuis le temps des romains,  il en est de tous les grands événements . 

Le gaspillage des ressources de la planète  est, il est vrai partout, la consommation d’électricité et de CO2, c’est notre vie, depuis l’Antiquité, depuis l’homme ! S’il faut lutter contre le gaspillage et recycler, et peut -être modifier certaines habitudes trop dispendieuses,  mais on ne va arrêter de faire vivre nos  cultures, qui sont à Cannes plus représentées qu’ailleurs, étant donné qu’on y accueille les films d’origine les plus diverses.

Cannes ne réunit pas  des personnalités non soucieuses de la planète, bien au contraire, les acteurs sont concernés  : des acteurs se sont engagés depuis les années soixante-dix : Line Renaud, qui s’occupe de SIDACTION*, Jeanne Fonda qui milita contre la guerre au Viet-Nam, Josiane Balasko, Emmanuelle Beart qui se sont engagés pour les gens sans domicile,   Robert Redford qui milite pour la planète avec Marion Cottillard, Léonardo di Caprio, Julia Roberts, Mélanie Laurent,  Vincent Lindon- président en 2017 – pour son engagement humaniste et citoyen à l’origine de la plupart de ses rôles.

Un petit récapitulatif : le festival,  lors de sa création en 1939,  témoignait déjà  des conflits et il a cessé durant l’occupation  pour recommencer en 1948, en 1968  il a été annulé par les cinéastes eux-mêmes, on y a vu en 2022 l’intervention du Président Zelensky, ancien entertainer sur écran géant demander de l’aide à ses  amis du showbiz , cette année, Catherine Deneuve a lu le poème sur la guerre d’une femme ukrainienne, on a  évoqué le problème des rémunérations des scénaristes aux États-Unis ;  le festival n’a pas eu lieu lors du Covid en 2020,  mais en 2019, 16 actrices noires et métis ont manifesté contre le racisme dans le cinéma  et  en  juillet 2021 on a vu des femmes , membres d’un collectif  ,   déployer une banderole sur laquelle étaient inscrits le nom des femmes tuées par leur compagnon durant l’année, en 2022, une femen nue peinte de slogans    contre le viol a manifesté au côté des actrices afin d’attirer l’attention des médias ! 

Dans toutes  les compétitions, année après année  se trouvent  des réalisatrices de tous les pays sous le joug de tyrans, qui osent faire des films qui peuvent les mener en prison,  et certaines d’entre elles  sont bannis pour avoir oser le faire.

Nous sommes loin de la période des années soixante/soixante dix, où la revendication principale était la jouissance (La grande Bouffe, Dernier tango à Paris, les Valseuses) , où les films ont voulu bousculer l’ ordre moral hypocrite dont nous rabat la nouvelle police des mœurs française ou anglo-saxonne  : les films montrent ce que la plupart des gens refusent de voir. Il est faux de dire que c’est « l’ordre bourgeois » par opposition aux  » pauvres   » qui se montre à Cannes, c’est tout le contraire, il faudrait que certaines personnes le comprennent. Cannes n’est ni l’un ni l’autre, c’est évident si l’on s’y intéresse de près : la polarisation des débats sur l’argent, n’est qu’un manière de faire de la propagande.

Ce lieu n’est pas qu’un repaire de machistes depuis que  «#balance ton porc, ou le #Metoo  a commencé débarrassé le cinéma des quelques principaux prédateurs comme Weinstein, même si les femmes qui ne veulent pas se faire tripoter préfèrent encore se balader en blue-jeans/tee-shirt, plutôt qu’en décolletés profonds, certes, il abrite ce genre de chose, mais les bureaux du tri des postes aussi !

Nulle femme n’est à l’abri d’un prédateur. Des changements ont eut lieu, et ces hommes savent maintenant que le pouvoir ne leur donne pas tous les droits. Aux États-Unis comme en France, il y a maintenant des préposées au réglage des scènes de sexe, de façon à ce que cela soit fait sans dérapage.

Ce qui se passe après, ne nous regarde pas : depuis quand y a-t-il une police des mœurs en France ? Va-t-on devenir un pays sous le joug des extrêmes ?

A quoi servent  les festivals ?

S’il est encore nécessaire de le dire à quelques obscurantistes,  puritains. et  fanatiques,  que nos pensions disparus, mais qui s’obstinent à vouloir nous asphyxier de leurs prêches: le mérite du cinéma est de mettre en scène des histoires de vies, qui ne seraient pas connues si elles n’étaient pas comptées.

En une heure et demi, on peut comprendre la vie d’un enfant des rues à Calcutta, revivre la souffrance d’une enfant violée en Inde comme Phoolan Devi, « la reine des bandits », connaître le sort des victimes  du régime en Iran, ou en Afghanistan, les problèmes que subissent les homosexuels dans le monde , le sort réservés aux migrants, celui  des prostituées droguées, le sauvetage des victimes des massacres au Rwanda, la lutte des femmes africaines pour devenir autonomes mais aussi celui d’une femme battue dans les milieux bourgeois, le harcèlement au  travail, la vie dans les centres de rétention. Le cinéma parle de nos vices et de nos vertus, sans fards.

C’est notre catéchisme quelquefois, quand il nous montre que l’amour de l’autre est plus fort que la maladie du sida, le cancer, qu’un homme peut se battre contre un système pour sauver sa famille de la pollution au Mexique, ou une tribu en Amazonie. Mais il sert aussi à  faire rêver ceux qui ne peuvent pas bouger de chez eux, soit par manque d’argent soit pas manque de forces, il nous conte de belles histoires . Il ravive la flamme de l’espoir.

Le cinéma, par l’image, transmet à tout ceux qui ne sont pas de grands lecteurs, des sons, des couleurs qui s’impriment en eux, ce que ne peut faire le livre.

Qui, au moins une fois dans sa vie, n’a pas retenu la force d’un grand film  comme : « Calcutta,  out of Africa, Jérémia Johnson, Rain man, Ben Hur, E.T, Vol au dessus d’un nid de coucou, Jonathan Livingstone, Indochine, L’amant, Lion (histoire vraie de Saroo Brierley), Danse avec les loups, Little Bouddha, Le cercle des poètes disparus, Le pianiste, La vie est belle, la liste de Schindler », Le grand bleu,   le pacte des loups » film français qui a eu un immense succès dans le monde  ou d’un film plus intimiste comme « le fabuleux destin d’Amélie Poulain » , « Stupeur et tremblements », et tant, tant d’autres     

Qui n’a pas sourit en regardant tous les grands  films classés drôles de Claude Berry, Gérard Oury,  Josiane Balasko,  et  Charlie Chaplin, leur maître à tous,  moins sélectionnés dans les festivals,  mais plébiscités par le public ?  C’est celui qui a été privé de cinéma dans des pays où il est interdit de se distraire sous peine de mort, dans des pays où sont bannis les salles obscures, la musique, la danse,  et où les écrans de télévision, sont des usines à propagande !

Alors oui ! Cela nécessite de l’électricité, du CO2, il y a les yachts de riches personnalités qui viennent acheter du cinéma durant la quinzaine pour faire du commerce, il y a,  comme ailleurs de la cocaïne qui circule, mais elle circule même sans le festival, et partout dans le pays . Nous ne sommes pas ici pour juger : la culture de l’ostracisme ne passera pas en France , le pays de Voltaire. Faut-il que, pour que la terre survive, nous devenions des idiots inutiles? Qui veut d’une telle vie ? Ceux qui  connaissent le scandale de vivre dans des maisons dont les murs sont lépreux, des sociétés ruinées par des politiques enrichis où les uns stigmatisent les autres, pour avoir le dernier mot (mort) ?

Si l’ on est encore très silencieux sur le cas de Gérard Depardieu, qu’on tolère au nom de l’art comme on l’est sur le cas de Poivre D’arvor,  qu’on  mette son nez dans les divorces qui sont des affaires personnelles**, ressemble  à de l’intrusion moralisatrice et bannir un homme comme on le faisait au Moyen-âge est un recul de la civilisation . La sanction vient de la justice, elle ne doit pas venir  de femmes qui comme les tricoteuses  se tenant devant la guillotine, sonnaient l’hallali de cerfs qui avaient été un peu trop gourmands en biches, ce qui semble être un peu trop le cas en ce moment.

S’il est nécessaire de le dire, la fabrication d’un film   est une entreprise personnelle, souvent,   qui crée des emplois-passion  – des acteurs aux  techniciens ,  du cadreur  au machiniste, en passant  par les scénaristes, les monteuses,  les preneurs de son, les doubleurs – métiers qui demandent des compétences pointues, des heures de travail,  engloutissant des sommes colossales pour lesquels   les réalisateurs-metteurs en scène remettent souvent les gains en jeu au film suivant, en se mettant en danger  ; dans ce métier d’art, la prise de risque des réalisateurs souvent  metteurs en scène, est considérable, car il faut que le public suive. Il faut donc que la promotion du film soit efficace, à cause de la concurrence  des nouvelles chaînes de diffusions de séries télés.

Le cinéma n’est pas le théâtre qui peut voir une petite pièce bien écrite, durer plusieurs années, avec finalement  moins d’investissements, mais l’avantage du cinéma pour le spectateur  est que le film est visible partout, pendant des décennies , et finalement beaucoup moins cher pour lui. C’est donc un plaisir démocratique,   ce n’est pas  réservé à des publics bourgeois comme j’ai pu le lire, car la bourgeoisie est discrète par essence,  même si la fête du cinéma ressemble à une vitrine de gens gâtés :  les bijoux comme les robes sont portées pour faire de la publicité aux créateurs, aux joailliers, les smokings   sont loués, les robes de grandes marques , la plupart du temps,  prêtées.

Les acteurs* sont  des personnes sensibles, spéciales, qui ont moins le complexe de la diva comme ne l’avait les stars du muet,  qui recherchent dans le jeu une façon de vivre des vies qu’ils incarnent en  véhiculant des émotions, qui peuvent éveiller en nous des sentiments dans lesquels  le public peut se reconnaître,  se sentir moins abandonné en s’identifiant au personnage sur l’écran. De ce fait , cela  peut ouvrir les portes de notre inconscient, sur des choses que nous ne comprenions pas, ou que nous ne voulions pas voir, mieux que ne le ferait une séance de psy (films « Tout sur ma mère », « Volver », « Femmes au bord de la crise de nerfs »,  etc,  d’Almodovar, film « J’ai tué ma mère » de Xavier Dolan).

Le cinéma informe, instruit, décrit, interroge, dénonce, réunit, et s’ il y a un peu d’humour comme le cinéma anglais , c’est mieux ! Il a une utilité sociologique : se prescrire une séance de cinéma, c’est se payer deux heures de bonheur…

 

 

*Michael Douglas  a reçu pour l’ouverture du festival de Cannes une récompense pour ses cinquante ans de carrière d’acteur et de réalisateur, lui qui nous a donné le célèbre « Vol au dessus d’un nid de coucou ».

**Dès 2016, Amber Heard a cependant demandé le divorce et a obtenu une ordonnance restrictive qui empêchait Depp de s’approcher d’elle. L’actrice avait alors allégué qu’en raison de ses problèmes de consommation de drogue et d’alcool, Depp avait eu tendance à devenir violent.

 

 

Écrit par 

2 commentaires sur “Hommage au septième art qui fait son show”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.