Des découvertes sur l’homme qui doivent rendre modeste : Svante Pääbo

Le paléogénéticien suédois, Svante Pääbo 67 ans, s’est vu attribuer, lundi 3 octobre, le prix Nobel de physiologie ou de médecine « pour ses découvertes concernant les génomes d’homininés éteints et l’évolution humaine ». Il  a fondé il y a vingt-cinq ans l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig, et a forgé les outils moléculaires* et les méthodes, tirant parti des dernières avancées en génomique, pour faire parler l’ADN ancien. Avant lui, la paléogénomique relevait de la science-fiction.

C’est  à son labeur opiniâtre depuis les années 1980 que l’on doit la description fine de l’ADN de notre cousin néandertalien, en 2010, révélant au passage que nos ancêtres s’étaient métissés et qu’il subsistait du Neandertal dans la majorité de l’humanité actuelle. L’existence d’un Homme de Cro-Magnon, qui aurait vécu en Europe au paléolithique supérieur, a un temps été envisagée, à la suite de la découverte archéologique de squelettes en 1868 aux Eyzies-de-Tayac, en Dordogne. À cette époque, les scientifiques ont pensé qu’il s’agissait d’une autre espèce humaine que les sapiens : aujourd’hui, les scientifiques pensent qu’il s’agit de la même.

Le Paléolithique supérieur débute en Europe à l’arrivée d’Homo sapiens, par l’Europe du Sud-est, en provenance du Proche-Orient, apportant avec lui la culture de l’Aurignacien, lors d’une amélioration relative du climat vers 45 000 ans avant le présent. Il se répand rapidement dans toute l’Europe et cohabite pendant plusieurs milliers d’années avec l’Homme de Neandertal, jusqu’à l’extinction de ce dernier vers 30 000 ans avant le présent.

À ce moment arrive depuis les Balkans une seconde vague d’Homo sapiens,  caractérisée par une culture distincte : le Gravettien. Selon une étude publiée en 2018, les fossiles d’Homo sapiens de moins de 35 000 ans, correspondant en Europe à la période gravettienne, semblent montrer un développement cérébral comparable aux humains actuels, contrairement aux fossiles plus anciens dont l’évolution cérébrale apparaît progressive.

Homo sapiens apporte dans toute l’Europe des pratiques complètement différentes de celles de l’Homme de Neandertal. Son industrie  est basée sur la production de lamelles, qui servent de base à la réalisation d’un outillage diversifié : grattoirs, burins, pointes de projectiles, armatures, etc.

Les causes de l’extinction de l’Homme de Neandertal ne sont pas consensuelles. La majorité des auteurs pensent que les Homo sapiens ont supplanté les Néandertaliens grâce à leur supériorité sociale et technique, notamment dans les armes et les stratégies de subsistance. La domestication du chien entrerait également dans les atouts avancés dans ce sens : celui-ci lui aurait conféré un avantage pour la chasse.

Cependant, d’autres auteurs estiment que la revue comparée systématique des données archéologiques Néandertal vs. Sapiens montre qu’elles ne sont pas suffisamment différentes pour expliquer une disparition des premiers pour cause d’infériorité cognitive (voir documentaire sur Arte*).

Au cours du Paléolithique supérieur, le climat est froid en Europe avec des épisodes un peu moins rigoureux. Le nord de la France est occupé par la toundra (un terrain dépourvu d’arbres et couvert de lichens et mousses), à laquelle succède, en descendant vers le Sud, la taïga, forêt peu épaisse constituée de pins et de bouleaux nains. Dans les vallées abritées, durant les épisodes climatiques les plus tempérés, on trouve des feuillus.

Cette végétation peu dense est le royaume des herbivores. Durant les épisodes les plus froids abondent les rennes. Tous ces herbivores sont chassés par deux carnivores concurrents de l’homme : le lion des cavernes eurasiatique et la hyène des cavernes. L’ours brun et l’ours des cavernes occupent les vallées boisées. Cette faune caractéristique explique que cette période a longtemps été appelée l’âge du renne ou l’âge des cavernes. (Le Monde, Wikipedia)

*Dans ce documentaire, on nous explique que les scientifiques ont analysé durant dix ans le tartre des dents  en bon état  de crânes découverts en Europe de l’Est (Croatie ou Tchécoslovaquie) !

 

 

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