Incarner la fonction présidentielle est ce qu’on demande en France, à un individu qui doit représenter des idées avec un parti. En Angleterre, les deux partis majoritaires élisent un candidat après avoir remporté les élections générales qui se font au niveau de la députation.
S’il ne fait plus l’affaire, ils peuvent le remplacer, ainsi Thérésa May fut remplacée par Boris Johnson quand les conservateurs perçurent qu’elle ne faisait plus l’affaire auprès du peuple, durant les discussions du Brexit, or c’est le sort qui risque d’arriver maintenant à Boris Johnson qui fut un opportuniste sans grande conviction. On peut comparer nos deux systèmes pour évaluer quel est éventuellement le meilleur des deux : le système anglais remonte à la nuit des temps notamment à cause de la présence de la royauté qui ne règne plus mais qui incarne un royaume de plus en plus désuni, et à un coup d’état qui a duré neuf années au XVIIe siècle, mais a guéri semble-t-il les anglais pour l’éternité. Cet épisode, ils ne s’en vantent pas, mais, a mené à une monarchie constitutionnelle*, ce qui depuis 1974 , est également le système de la Suède , dont on nous rabat les oreilles, (mais en Suéde on ne peut utiliser sa CB dans une but personnel sans se faire licencier**).
La présidence n’existe pas et le candidat est au service du parti auquel il est rattaché, et pas le contraire. ( La Reine lit le discours du premier ministre, elle incarne le pays mais ne règne pas). Il ne peut donc passer son temps, à agir sans le consentement de son parti, et doit sans cesse se référer à son cabinet, qui est déjà constitué avant les élections (le Shadow Cabinet) et durant tout son mandat devenant effectif le jour où le parti remporte les élections, avec quelques changements si nécessaires en cas de démissions , de scandales (démission du ministre de la santé Matt Hancock parce qu’il a été vu entrain d’embrasser Gina Coladangelo sa conseillère, en période de Covid).
Il y a une certaine cohésion, ils sont solidaires puisque le parti, donc les idées qu’il porte, passe avant l’individu (en contre partie, le peuple n’a plus qu’à manifester s’il n’est pas content, ce dont il ne se prive pas, l’opinion publique étant écoutée en générale).
En France, même si le président est élu au suffrage universel, le système français est devenu déséquilibré, puisqu’il lui permet de forcer les décisions grâce à des lois de contournement et, de changer de premier ministre à sa guise, le contre-équilibre étant les chambres (Assemblée nationale et Sénat) qu’il peut cependant dissoudre à sa convenance, selon l’atmosphère ambiante (La plus grosse erreur de Chirac a été de le faire en avril 1997 alors qu’il avait la majorité) ***.
Après la guerre de 40/45 durant la 4e république, le gouvernement fut assuré par Vincent Auriol de 1947 à 1954, ancien ministre socialiste du front populaire de 1936, puis René Coty fut président de centre droit de 1954 à 1959. Après la crise de mai 1958, en pleine guerre d’Algérie, le général De Gaulle l’emporta dès le premier tour de scrutin avec 78,5 % des suffrages exprimés, face au communiste Georges Marrane et au divers gauche Albert Châtelet, et institua la cinquième république.
Voulant éviter les remous et faisant rempart à la gauche, il créa un super président avec plus de pouvoirs. Incarner la fonction présidentielle, est ce qu’on demande en France à un individu qui doit représenter des idées avec un parti théoriquement, mais ensuite il fait ce qu’il veut et, comme disait Mitterrand, « les promesses n’engagent que ceux qui les croient », ramenant l’assemblée législative à un pouvoir quasi consultatif dans certains cas, puisqu’il peut passer outre le refus, grâce à l’article 49-3. L’article 49-3 permet à l’exécutif, par le biais du Premier Ministre, d’engager la responsabilité du Gouvernement devant l’Assemblée nationale, pour faire adopter un projet de loi sans procéder au vote de l’Assemblée.
Depuis 1958, l’article 49-3 de la Constitution a été utilisé 89 fois avec un record de 28 recours par Michel Rocard, Ministre de François Mitterrand, pour entre autre : l’arme nucléaire, ou la CSG, un impôt qui devait ne durer qu’un temps et qui s’applique sur les retraites même les plus basses, encore actuellement !
Il y a quand même un palliatif à cet excès de pouvoir : le projet de loi ne sera pas adopté si, dans les 24 heures suivant la déclaration du 1er ministre devant l’Assemblée, une motion de censure est déposée. Cette motion doit être signée par au moins 1/10ème des députés, membres de l’Assemblée nationale. Elle doit ensuite être votée à la majorité absolue des députés pour être adoptée.
Exemple : En 2020, le premier ministre Édouard Philippe a annoncé qu’il engageait «la responsabilité de son gouvernement » sur le projet de réforme des retraites. Des motions de censure ont été déposées. C’était attendu, et comme l’a annoncé, en fin d’après midi samedi 29 février le premier ministre à l’Assemblée nationale, le gouvernement a choisi d’utiliser l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer son projet de loi : une motion de censure avait été déposée par Les Républicains. (le Figaro – 29/2/20).
Par comparaison, dans le système Anglais, les deux partis majoritaires (les travaillistes et les conservateurs) élisent un candidat après avoir remporté les élections générales, qui se font au niveau de la députation. Si le chef du parti devenu premier ministre déçoit , le parti peut prendre la décision de le remplacer, ainsi Thérésa May fut remplacée par Boris Johnson quand les conservateurs perçurent qu’elle ne faisait plus l’affaire auprès du peuple qui voulait cesser les pourparlers du Brexit qui avaient duré quatre ans, or c’est le sort qui risque d’arriver maintenant à Boris Johnson qui fut un opportuniste sans grand conviction car l’ennemi était l’Europe, puisqu’il voulait se rallier à Trump (image).
Alors rappelez-vous, on n’élit pas quelqu’un pour son charisme, son sex-appeal, son tempérament, mais pour les idées portées par lui-même et son parti, s’il en a un, car il ne peut gouverner seul, dans ce cas cela s’appellerait un gouvernement autoritaire, pas une démocratie.
* La Grande Rébellion, (English Civil War), se déroule de 1642 à 1651 sous le règne de Charles 1er. Cette révolution a pour conséquence le jugement puis l’exécution du roi Charles 1er le à Whitehall près de Westminster. La monarchie est abolie et une « République », appelée Commonwealth d’Angleterre, est instaurée avec Oliver Cromwell à sa tête. Cette révolution est une étape cruciale dans la transformation du pouvoir royal anglais, qui s’oriente progressivement vers une monarchie constitutionnelle (d’après Wikipédia) .
**un député obligé de s’excuser après avoir acheté du vin avec les points de fidélité d’une carte professionnelle
***Le président de la Ve République nomme le Premier ministre, issu d’une majorité parlementaire qui le soutient. En cas de crise, il dispose de la faculté de dissoudre l’Assemblée nationale afin de solliciter des électeurs la désignation d’une nouvelle majorité pour soutenir son action.