Plus un homme se sent fragile à l’intérieur plus il tentera de se créer une carapace extérieure de façon à donner le change, que ce soit par les muscles ou la bedaine.
De même, plus ses affirmations seront sans nuances, catégoriques et définitives, plus elles serviront à masquer une incertitude de fond.
Les fils révoltés se structurent en adhérant à des bandes qui sont fascistes dans leur essence et qui obéissent au père primitif ; les éternels adolescents malgré leur anarchie permanente, cherchent des pères spirituels, et pour ce qui est des alcooliques, ils n’arrivent même plus à cacher ce désordre interne.
Au moyen de cette compensation extérieure, les fils « manqués » évitent de ressentir leur grande soif d’amour et de compréhension, leur profond besoin d’être touchés, d’aimer et d’être aimer. Il leur est difficile de laisser percer ses sentiments qui les plongent dans une vulnérabilité difficile à assumer.
La signature du père manquant demeure la fragilité de l’identité masculine de ces fils.
Les héros ont toujours à accomplir quelques taches et, nous offrent le spectacle de fourmis industrieuses : ils font en sorte de n’avoir jamais aucun moment de vide. Le regard admiratif des autres les soutient et, c’est pourquoi ils obéissent aux valeurs collectives (quelles qu’elles soient).
Père manquant fils manqué, Guy Corneau, pages 40,41