» Je ne pense pas que la personnalité en soi dispose d’une quelconque survie. Dans le bouddhisme tibétain, cette dernière se construit à partir de la naissance,non pas en fonction des identifications au milieu natal et des circonstances associées, mais sur la base de tendances latentes qui en conditionnent l’interprétation.
Ces tendances sont des attachements à des réponses antérieures dont une personne n’a pas su se détacher et parfois des projections d’attentes, de regrets, de deuils non assumés sur un futur hypothétique où les choses seraient supposées se passer de telle ou telle façon.
Par ailleurs, ces tendances se manifestent, plus ou moins fortement en égal ou opposé, particulièrement chez les personnes immatures : mais faire une chose ou son contraire revient à tourner en rond dans le même problème, la partie refoulée dominant souvent sur la partie consciente.
L’important dans une étude karmique est donc de rechercher comment la personne par ses réponses innées puis celles qui en découlent dans cette vie, entretient la continuité de l’histoire inscrite dans le thème natal qu’elle s’est appropriée.
Chez une personne, si elle ne se pose pas de questions ou ne met pas en œuvre des transformations (souvent programmées dans le thème de naissance), cette continuité finit par devenir l’histoire qu’elle se raconte sur elle, sur les autres, sur sa vie…etc.
Il n’y a donc dans cette interprétation du Karma aucune fatalité : chacun en fait ce qu’il peut et qu’il veut… mais toujours selon son niveau psychique inné et les projets inscrits dans les nœuds lunaires.
En revanche, la capacité de passer à un autre stade dans cette vie ne me semble pas particulièrement « programmée ». Avec le même thème, certains dépassent tous leurs blocages et exploitent au mieux leurs limitations, les autres passent leur temps à pleurer ou à rechercher pouvoir ou sécurité.
Deux personnes sont-elles susceptibles de s’être rencontrées dans des vies antérieures ?
Pour les Bouddhistes, il pourrait exister 5 % de cas avérés sur l’ensemble des personnes prétendant retrouver des souvenirs associés clairement au passé, mais peu de cas sont vérifiables.
En revanche, dans le thème natal, les indices figurant les parents, le milieu, l’image du couple etc, sont d’une puissance incroyable pour déterminer la façon de se situer dans sa propre vie…
Choisissons-nous nos parents avant de naître, et leur milieu, et leur histoire, et par voie de conséquences la nôtre à l’avance ?
Et là, plus de trente ans d’expériences, me font répondre clairement « oui »! Les bouddhistes tibétains en donnent une explication : l’Akasha. Tout ce que nous vivons, pensons, toutes nos réactions, regrets, attentes, tout ce dont nous avons été incapables de nous détacher irait se stocker dans une forme de vaste réceptacle constitué par la mémoire de l’humanité. Ce réceptacle serait situé astrologiquement dans le Verseau, signe par excellence de la fixité de l’esprit et des rêves projetés dans le futur.
L’esprit libéré de ses entraves terrestres choisirait ainsi, avant de s’incarner de nouveau, les conditions exactes correspondant à un projet de vie… qui peut avoir été fixé au moment d’une mort précédente, ou la dernière mort. Les esprits les plus ouverts, les plus libérés de la charge des tendances latentes, pourraient ainsi choisir librement dans le « Bardo » (terme qui signifie l’intervalle), la « valise de tendances latentes » permettant d’orienter consciemment dès l’enfance la réalisation du projet de vie. Mais la plus grande majorité se contenterait de l’ouvrir et de s’emparer de son contenu aveuglément, quitte à s’en plaindre amèrement au cours des conditions de vie terrestre qui en découle.
Toutes les composantes du thème sont donc marquées par ces tendances latentes en attente de renaissance et de mise en œuvre de projets, mais chacun les gère à sa façon, le projet de vie étant toujours accordé sur la capacité de réalisation de la personne, puisqu’ il est directement issu des conclusions du passé.
Vous pouvez donc considérer le thème comme le résultat d’un rêve d’avenir et qui n’a souvent que très peu de rapports avec la réalité objective du présent.
Il n’existe pas de réponse définitive à ce genre d’interrogation. Et les sages ont raison de mettre en avant le doute… positif (vertu de Mercure), aussi longtemps que leur propre expérience ne les aura pas conduit à des conclusions, qui seront toujours les leurs.
C’est pourquoi il vaut mieux éviter de considérer n’importe quelle conclusion sur n’importe quelle situation comme définitive, pour ne pas la retrouver fixée dans un avenir éventuel où elle n’engendrerait qu’une réplique des comportements et des conclusions passés, donc des mêmes choix de vie.
En effet, ce sont ces conclusions qui déterminent le karma (résultat des actes, des pensées et des paroles), donc les conditions mentales générant de nouvelles personnalités porteuses de la continuité des racines karmiques.
Une racine produira-t-elle nécessairement une plante (ortie ou orchidée ?) ou un arbre solidement enraciné dans la structure de la personnalité, et parfois un arbre de vie, ou bien la personne qui en est porteuse peut aussi bien décider d’en couper les branches pour vivre les deux pieds dans la Réalité, ce qui ne fait pas l’affaire du mental, de l’ego qui n’aspire qu’à l’éternité… pour la plupart d’entre nous.
Si ce texte vous a fait sourire, vous êtes sûrement sur la bonne voie sur cette route aux objectifs aussi bien indéfinis qu’infinis. »