Le droit à l’enfant, le droit de ne pas en avoir*

« Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont fils et filles du désir de Vie en lui-même.

« Ils viennent par vous mais non de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ce n’est pas à vous qu’ils appartiennent. »

« Vous pouvez leur donner votre amour , mais non vos pensées, car ils ont leurs propres pensées. »

« Vous pouvez loger leur corps, mais non leurs âmes, car leurs âmes habitent la demeure de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves. Vous pouvez vous efforcer de leur ressembler, mais n’essayez pas qu’ils vous ressemblent. »

Ce texte de Khalil Gibran, publié en 1923,  qui peut paraitre dur pour les mères et les pères, est actuellement ce qu’on peut qualifier de plus réaliste dans les situations du monde que nous vivons. Il doit porter à réfléchir.

Certes , comme les oiseaux nous protégeons notre nid, mais les oiseaux sont différents, certains vivent en couple une vie durant, certains se choisissent une partenaire chaque saison, il ne faut donc pas généraliser, mais  leur unique but est la reproduction pour sauver l’espèce, alors que nous nous targuons d’être libre de nos choix.

Je ne ferais pas de conclusion, chacun peut y trouver ce qu’il veut, mais il faut admettre que les choses  ne vont plus dans cette direction.

Je vous soumets ici quelques réflexions sur la condition maternelle, puisqu’en astrologie on essaie de comprendre et de se comprendre. Je suis volontairement provocatrice. Il s’agit ici d’éveiller l’esprit critique sur un consensus qui semble s’établir en ce moment – et dans le mauvais sens – sur des questions hautement brulantes, en faisant penser que tout se passe bien dans ce « meilleur des mondes »..

Le mois de la Vierge, seule femme du zodiaque, est propice à une réflexion sur la femme, la maternité , n’est-elle pas le grillon du foyer, celle qui nourrit avec les réserves faites en été, en les  répartissant ?

La question de l’enfant est idéologique, c’est un enjeu sociétal. De quoi parle-t-on sinon du devenir de la société ?

En tant que femme et mère, je suis fortement remontée contre les pro life ou les anti-avortements si vous préférez, qui préconisent l’abandon comme alternative à l’avortement ! Pour le moment, on a le droit d’abandonner un chien, mais un enfant ?

Faire l’amour ou baiser, mettre bas ou mettre au monde, sont des choses bien différentes : il n’y a rien de comparable. Donner la vie est un acte grave, être fertile est animal. Mais c’est avant tout l’intime, propre au sexe féminin.

Les pro life feignent d’ignorer ce que c’est qu’être enceinte contre son désir, parce qu’il y a des choses qu’il  faut cacher à tout prix, car enfanter est un acte qui concerne l’état : ce sont des bras, des ventres pour le  servir (voir le problème de la Russie en ce moment, pour trouver des soldats).

J’ai eu des difficultés à être enceinte, aussi j’ai eu la chance  de n’avoir jamais avorté, et je ne considère pas l’avortement comme un moyen de contraception. Lorsqu’un embryon s’est développé à l’intérieur, c’était pour moi, déjà, mon enfant, comme a écrit Oriana Fallaci « une goutte de vie échappée du néant ».  J’étais d’accord, heureuse, impatiente, ravie, mais quelle expérience !

Les hommes en feraient des tonnes, mais nous, il a fallu qu’on taise nos états d’âme : « Comment un truc si petit peut devenir gros et comment mon ventre va pouvoir le contenir, comment je vais arriver à le faire sortir ».

On a osé critiquer Brigitte Bardot  qui n’a pas aimé être  enceinte et qui a dit qu’elle s’était crue  envahie par un kyste qui grossissait, mais elle disait la vérité, c’est totalement inhabituel d’être deux dans son corps ! Ce n’est qu’après l’accouchement, qu’on est rassuré : on se dit  « tout ça pour cet enfant »  et, on comprend ! Si on l’a voulu, on recommencera rassurée. Mais avant, on ne  sait  pas, ce qu’on n’a jamais vécu.

Mais qui ose le dire sans passer pour une sorcière ; même avec les infos sur internet, c’est le dernier sujet tabou, il vaut mieux dire qu’on est Trans, c’est moins grave !

Je plains nos trisaïeules, totalement résignées à leur destin de femmes porteuses d’un bébé tous les ans, et peut-être plus au fait de la gestation des animaux de la ferme ! Que dire actuellement  de ces petites à peine pubères vendues à des maris à dix ans,  dans la pire des misères intellectuelles qui ne savent rien, et qui ne devraient jamais se retrouver enceinte à onze ans, qu’on empêche d’avorter, condamnées à mort, par une société malade de sa culture ! Oui un enfant doit venir, mais il doit être voulu  par sa mère, et pour cela il faut qu’elle l’accepte dans son corps !

Comment peut-on vouloir être une femme avec des droits toujours remis en question. Nous avons  eu le droit de dire nos petits – sinon gros – problèmes de grossesse du point de vue médical, mais nous  n’avons jamais eu le droit de crier notre désarroi de ne rien comprendre à ce qui nous arrivait, car lorsqu’ on est enceinte, on devient un objet à procréer. En avoir entendu parler, c’est une chose, le vivre, c’est autre chose ! Le pire c’est qu’il y a toujours une copine pour vous dire qu’elle a Adoré être enceinte et qu’elle  accouche en moins de 2 h !

Il nous a toujours été  reproché de nous plaindre (lire le site  https://marieaccouchela.net) de quelque chose de si naturel, si bien que nous y sommes allés sans savoir ce qu’est une éclampsie, ou même une épisiotomie, en nous préoccupant juste d’avoir des seins moins beaux, ou des vergetures, après : le paraitre avant l’être. (je précise que ne n’ai pas accouché au moyen-âge). Pourtant, on meurt encore en accouchant.

Il fallait continuer à entretenir l’idée du « mal joli ». Joli, quand on le désire, mais, imaginons que vous ne le désiriez pas**, pire que ce soit un viol ou un inceste, que vous ayez douze, treize ans, et que vous ne puissiez-vous faire opérer pour supprimer votre honte, votre déshonneur, mais aussi  votre dégout.

L’enfant à naitre, nous mène à la question de l’avortement libre et gratuit, qui prend du plomb dans l’aile dans le monde entier  et,  à l’abandon en cas de refus de l’enfant souvent à cause de la condition sociale précaire de la mère (aux USA, une jeune fille seule au monde de 16 ans vient de se voir refusé un avortement, 30 millions d’américaines sont potentiellement en danger).

Je passe de la grossesse non désirée à l’abandon***,  et  j’ arrive à la GPA  – gestation pour autrui – nouvelle option au nom affreux, pour ceux qui pensent qu’ils ont un « droit à l’enfant » – que je rattache à la question de l’abandon, puisqu’avec la GPA,   la mère porteuse devient transparente. Ici, l ’enfant devient officiellement une marchandise.

Or, il y a un aspect dont on ne parle jamais, c’est le point de vue de la psychanalyse :  « l’unité duelle » avant la naissance selon le psychanalyste Nicolas Abraham, la dyade selon Dolto  , le couple fusionnel formé par la mère et le fœtus durant la gestation qui dure neuf longs mois : on sait que l’odeur de la mère, le son de sa voix, sa chaleur , le rythme du cœur, son tempo lent ou vif, le contact du corps de l’amant de celle-ci , l’enfant va le vivre in utero. C’est donc la mère qui porte l’enfant  qui est la mère de l’enfant, au moins autant que l’ovule implantée et fécondée par un spermatozoïde dans un tube à essai ! 

Ainsi la GPA – gestation pour autrui –  porte en germe le risque de déstabilisation  du nouveau-né  « donné » à une autre femme, qui l’adopte à la naissance, souvent en l’achetant à une autre femme en mal d’argent.     L’argent ne règle pas tout : la porteuse l’a nourrit de son sang, de sa sueur et peut-être de ses larmes. On le sait, la gestation est une période capitale pour l’enfant, une fusion totale qu’il regrettera toujours. La séparation lors de la donation est la seconde rupture vécue par cet enfant, jeté hors d’un monde fusionnel, hors du paradis matriciel qui est la première rupture, et  qui restera toujours quelque part, dans son inconscient, agissant donc sur son devenir physique,  ce lieu parfait où régnait l’harmonie, qu’on  ne peut jamais retrouver (Otto Rank : « Le traumatisme de la naissance »).

« La perception précède et prépare la pensée (Henri Wallon, psychanalyste du développement infantile). Dès le premier instant de sa vie le petit homme entre en relation avec le monde et cette première communication s’instaure par la perception, et au niveau du corps….les premiers messages lui parviennent par les sens et par la peau, d’où il intégrera le sens de la parole. C’est au niveau du corps à corps que la relation s’établit. Ce premier langage est le paradigme de toute communication. La mère va ou non y répondre de façon adaptée. » (Philippe Granger , psychologue clinicien , psychanalyste.

En astrologie, cela peut être signalé par les désordres de  Vénus- la peau, la situation de la lune noire – le vide de l’absence, la M XII symbolisant  la matrice).

On court le risque que l’enfant « fabriqué par GPA »  par cette femme-mère  « tout de même »- la  déteste un jour et,  finisse par en vouloir à  la mère qui l’a élevé, d’être responsable de cela, lorsque sonnera l’heure de la révolte.

A ce moment-là, cet enfant devenu un  produit de consommation, car même si c’était remboursé, quelqu’un paiera – recherchera ses origines et, cet enfant apprenant qu’il a été porté par une femme qui lui est étrangère, qu’il est né du  du corps d’une inconnue dans une clinique d’Europe de l’est ou en Inde, peut vivre un choc cosmique !  S’’il ne peut  pas la connaitre,  son malaise pourra être grand, encore plus grand que le  malaise d’un enfant normalement conçu, qui lui se demande  s’il n’a pas été échangé à la naissance, tant il ne se reconnait pas dans ses parents biologiques !

La mère  – et je ne parle pas des couples différents ici – qui l’a élevé  est une mère  « adoptive ». Or une mère adoptive  – quelle qu’elle soit – assure la sécurité, donne son amour mais  n’est pas légitime physiquement : elle   vient pour réparer un échec.

Pire, on sait maintenant  qu’il y a des échecs d’adoption dont on ne parle pas. Aussi, s’il est clair que si ceux qui adoptent un enfant fait par une autre, pour faire  famille, sont des gens pleins de tendresse et de bonne volonté, vivants ce qu’il considère comme une injustice,  il faudrait qu’auparavant, ils   essaient de rechercher au fond d’eux-mêmes ce qui cloche en eux, car leur infertilité n’est  souvent pas que physique, puisque des  femmes  après avoir adopté, tombent enceintes et que l’enfant adopté se sent moins légitime encore , malgré tout l’amour de ses parents adoptifs.

Les expériences des savants sur la gestation ne sont pas une réussite, on sait que de « bons » gènes ne sont pas suffisant : on l’a constaté avec les expériences des « Lebensborn » du IIIe Reich – lieux hospitaliers pour des enfants conçus et portés naturellement par des mères agréés volontaires , fécondées par des soldats aryens triés sur le volet, dans le but de repeupler l’Allemagne afin d’ être donnés à des coupes infertiles, qui ont finalement reçu des débiles , la raison en étant justement ce manque de corps à corps avec la mère.

Ces pratiques qui se développent devraient être plus encadrés alors qu’on ne saute à pieds joints sur un « progrès » scientifique qui  valorise « le droit à l’enfant ».

Mettre un enfant au monde, c’est porter cet enfant vers la vie pour qu’il s’y sente le mieux possible, et  ce n’est pas toujours facile – mais accoucher d’un enfant  parce qu’on a eu un rapport sexuel, une pulsion, qu’on a été victime d’une dose de GHB,  qu’on a été naïve, est plus que problématique. Certaines femmes matures arrivent à faire le job, mais beaucoup de gamines en sont victimes toutes leur vie, pire si elles l’abandonnent.

Il faut stopper cet acharnement contre  l’avortement,   plutôt que d’en faire une enjeu sacré !

Ce qui est sacré est le futur enfant qui ne demandait peut-être pas  naitre dans un monde de plus en plus hostile et froid, où il est l’enjeu de prédation, s’il n’est pas soutenu par de bonnes et honnêtes personnes qui l’adoptent.

C’est la question du droit à ne pas naitre qui est posé ici.

Pourquoi ce lourd  silence des psys, dans ce monde où ils remplacent Dieu ?

 

*lire « Lettre à un enfant qui n’est jamais né », d’Oriane Fallaci , reporter, journaliste , écrivaine italienne de 1975 – et « le corps de l’enfant est le language de l’histoire de ses parents », de Willy Barral -2008 ; voir l’émouvant film « Pupille » réalisé par Jeanne Herry en 2018 qui décrit l’abandon sous X et le très long et atroce parcours de l’adoption en France

** j’entends  d’ici les prêcheurs de tout bord,  en rendre la femme uniquement responsable. Au Tchad, par exemple, on vient d’adopter une pratique – l’Anchilini – qui fait payer une amende considérable à une femme qui refusera une demande en mariage, amende moitié moindre si c’est l’homme qui refuse , ce qui revient au mariage forcé.. mais c’est pour lutter contre la débauche – la liberté de la femme, c’est de la débauche,  la liberté de l’homme est justifiée, même si on ne l’encourage pas. Pire les afghanes vendent en ce moment leur enfant parce qu’elles ne peuvent les élever, dans un pays occupé par des « hommes pieux » qui coule l’économie. Mais cela enrichit des associations intermédiaires.

***L’enfant est abandonné  pour « son bien »,  ensuite on le met à l’adoption , où il est trainé de famille d’accueil , en famille d’accueil et souvent en foyer où il cotoye le meilleur et le pire. On se moque bien de ses problèmes psychologiques et, il devient souvent délinquant ou/SDF quand on le lâche dans la nature sans rien, à dix-huit ans, (il faut le savoir).