“Le 26 juin 2022, relate Sudan Tribune, Maryam une femme de 20 ans, a été condamnée à mort par lapidation pour adultère par un tribunal pénal dans l’État du Nil Blanc”, au Soudan, dans le sud du pays. Comme l’explique ensuite le site d’information: “sous la loi islamique, les peines légales prescrites par le Coran ou la Sunna incluant l’apostasie, le vol, l’adultère et la consommation d’alcool sont passibles de sanctions telles que l’amputation des mains et des pieds, la flagellation et la mort”. L’information a été dévoilée au public par un groupe soudanais de défense des droits humains. En Afghanistan, un père ruiné vends sa fille de 8 ans à un homme de 25 ans, pour la marier. La seconde donnée explique la première. Vendue et violée, l’adultère, si elle en réchappe, est la conséquence d’une jeune femme qui n’a connu que la violence. * Autre exemple, celui de Sarah Balabagan : voir à la fin
En occident, dans des pays dits civilisés, l’abolition de l’avortement (considéré comme un assassinat par les mouvements pro vie) ramène à l’abolition du droit au plaisir féminin, au « droit de jouir sans entraves » comme disaient mes aînées en soixante-huit, qui savaient qu’un rapport sexuel ne sert pas qu’à faire des enfants ou satisfaire les pulsions non contrôlées des messieurs. Et même si on peut prôner la contraception plutôt que l’avortement, on sait que l’avortement existera toujours pour de multiples raisons, aussi on ne peut l’interdire.
Les femmes qui luttent pour interdire l’avortement n’ont jamais jouit ou bien elles en ont honte : elles se contentent de faire plaisir à leurs hommes, elles vivent dans la frustration, et prônent la maternité comme une fin en soi, parce qu’elles pensent ou croient que la féminité ne passe que par là. En cela elles sont semblables à celles qui sectionne le clitoris ou cousent les lèvres des enfants afin qu’elles n’aient aucune chance d’avoir un rapport avec plaisir, ces communautés où la coutume sert d’éducation pour les filles qui sont mariées à peine pubères – « réservées avant » – et jetées dans le lit d’un homme qu’elles ne connaissent pas et qui les viole avec la loi pour lui. Ici , il n’est jamais question d’amour, les cérémonies coûteuses ne sont là que pour cacher que l’enfant est vendue (voir article du Canard Enchaîné du mercredi 13/7/22).
Longtemps, on a cru qu’on allait être débarrassé de la vision bi-polaire de la réalité de la femme : mère ou putain.
Il a suffit que les religieux refassent surface pour qu’on demande aux femmes de porter un voile sinon sur leur tête mais dans leur tête.
Il ne faut cependant pas croire que tout a été simple : la pilule contraceptive n’a pas été la jouissance garantie (à la différence du viagra) , elle a mis la jouissance à la porté de toutes, ce qui n’est pas la même chose.
Las, le SIDA est arrivé, pour couvrir d’un voile honteux, les débordements des années de la libération sexuelle. Ce fut bien commode pour le commerce du sexe qui pouvait refleurir, car la libération sexuelle leur faisait concurrence. Elles avaient fait perdre un marché fructueux aux professionnelles, et tout devait rentrer dans l’ordre, les hommes avec le permis de jouir avec des femmes qui n’ont que le permis d’enfanter, ou avec des femmes qui se font payer pour cela : les putes. Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées, dit un proverbe.
Comment peut-on être aussi simpliste ?
La boite de Pandore ouverte, les lutins s’en sont échappés une fois pour toute. En prenant la pilule ou tout autre moyen de contraception, la femme a le droit d’avoir une vie de femme. Une femme, c’est quelqu’un qui a appris à jouir et qui sait qu’elle a un corps, qui lui sert à autre chose qu’à faire des enfants.
Cependant, ce n’est pas aussi simple, car sans culture du plaisir : point de plaisir. La femme est différente de l’homme et n’y accède pas aussi facilement. Les amours successives, ses expériences lui permettent de diminuer les craintes, de comprendre le fonctionnement de son corps, à moins qu’un miracle ne se produise rapidement avec un être doué. On l’a dit : la femme est un violon, celui qui tient l’archet doit savoir s’en servir. Ce n’est pas du romantisme, c’est une connaissance , une rencontre entre deux partenaires. Alors, si en plus cela devient un enjeu religieux et gouvernemental !
Il est dommageable que des gens se droguent et boivent pour briser les barrières de la pudeur, afin d’avoir des rapports sexuels rapides et commodes, alors qu’ils devraient au contraire profiter de ces instants pour faire connaissance. Mais il est vrai que tout le monde est pressé, en particulier les hommes, d’où les drogues qui transforment une femme en pantin.
Il y a peu de temps qu’on a appris la structure du sexe féminin du point de vue du plaisir féminin (en occident avant 1512, on pensait que la femme n’avait pas d’âme). On a beaucoup parlé des zones érogènes, sans parler des principales, parce qu’on les ignorait. Et en plus, on en a oublié beaucoup (d’où la comparaison avec le violon). Bien des vieux docteurs, qui se disent mêmes sexologues, ont des théories dépassées, quant aux obstétriciens , ils ont honte d’en parler, ce qui les intéresse c’est l’aspect technique de leur métier : les épisiotomies, les descentes d’organes, les hystérectomies, etc, la jouissance n’est pas de leur domaine : « Circulez y a rien à savoir » ! C’est à peine s’ils consentent à vous expliquer votre accouchement.
La pilule , ni aucun moyen de contraception, ne transforme en femme, ces moyens empêchent de tomber enceinte et lèvent la peur. Ils mettent à égalité l’homme et la femme sur ce plan là, mais seulement celui-là. Si en plus du SIDA, elles ont peur de tomber enceinte, comment pourraient-elles un jour savoir à quoi ressemble le plaisir féminin qui ne se visualise pas extérieurement – puisqu’on en parle que pour les culpabiliser un peu plus.
Comment pourraient elles accéder à la pleine conscience de leur identité , savoir quelles femmes elles sont, avec qui elles veulent être ou pas, pour ne pas investir leur identité seulement dans la maternité mais aussi dans la féminité.
Être femme, c’est cela : ce n’est pas être le pâle reflet d’un homme, ni la copie des hommes, ni une marionnette déguisée en poupée Barbie pour l’attirer, en criant au viol dès qu’il approche .
La femme fait vivre la planète : la Chine par le culte de l’enfant unique du sexe masculin, la sélection des garçons au dépend des filles considérées comme un poids, se retrouve en pénurie de matrices, obligeant les mères à rechercher une belle fille !
On ne le dira jamais assez : la femme , l’avenir de l’homme, mérite mieux que cela ! L’enjeu de la destruction d’un peuple passe encore par les femmes, comme on le voit en Ukraine actuellement, la femme encore et toujours victime.
* »En 1993, Sarah Balabagan, une jeune musulmane de 14 ans, décida d’aller travailler aux Émirats Arabes Unis pour subvenir aux besoins de sa famille restée aux Philippines. Elle y trouva un emploi de domestique. Mais son employeur, Almas Mohammed Abdullah al-Baloushi, un veuf âgé, vivant à Al-Aïn avec ses quatre enfants, se comporta de manière déplacée avec elle, lui faisant de multiples avances sexuelles (qu’elle refusa). Finalement, le elle le tue de 34 coups de couteau.
Affirmant avoir agi en situation de légitime défense à la suite d’une tentative de viol, elle s’en sort avec un premier jugement relativement clément le : reconnue coupable d’homicide involontaire, elle est condamnée à sept ans de prison et au versement d’une compensation (diyya) de 150 000 dirhams (40 000 dollars américains) aux proches d’Al-Baloushi, qui en retour doivent lui verser 100 000 dirhams (27 000 dollars américains) en compensation de la tentative de viol. Mais ces derniers, insatisfaits du verdict, firent appel, demandant la peine de mort. Le , un second tribunal de la charia affirma qu’il n’existait aucune preuve de viol et la condamna à mort par peloton d’exécution pour assassinat. Cette décision de justice provoqua un tollé international et une campagne en sa faveur dans de nombreux pays, son cas étant considéré comme symptomatique des mauvais traitements subis par les domestiques dans les États arabes du Golfe. À noter que quelques mois plus tôt, Flor Contemplacion, une autre employée de maison philippine, avait été pendue à Singapour pour des faits similaires.
Apparemment, ce n’est qu’après un appel personnel à la clémence du président des Émirats Arabes Unis, cheikh Zayed (l’émir d’Abou Dabi), que la famille d’al-Baloushi renonça au talion (qisas) au profit du prix du sang (diyya). Le , lors de son troisième procès, sa peine est réduite à un an d’emprisonnement et à cent coups de canne (infligée par tranche de vingt sur une période de cinq jours s’étalant du au ), ainsi qu’au paiement du prix du sang, qui sera réglé par William Gatchalian, un homme d’affaires sino-philippin de l’industrie du plastique. Le , elle rentre aux Philippines, ou elle est accueillie comme une héroïne. »