Les premiers ukrainiens furent des hommes libres . Pendant des siècles, les Cosaques ont été à la fois la fierté et le casse-tête des dirigeants de l’Empire russe. A cause de la séparation de l’Europe pour beaucoup en occident, les cosaques sont un mythe un peu étrange, un peu folklorique , mais en fait ils sont bien un peuple et constitue la racine de la nation ukrainienne. C’est sans doute ce qui fait leur force et leur détermination. Leur histoire est pleine de rebondissements, auxquels ceux qui se produisent aujourd’hui ne sont pas étrangers.
Le mot de cosaque vient du turc et signifie homme libre, vagabond, chercheur de fortune.
Ce qui frappe immédiatement chez les cosaques, ce sont leurs coiffures, leurs moustaches et leurs vêtements colorés, qui ressemblent fortement à l’habillement des peuples du Caucase du Nord – en grande partie parce que ce sont les vêtements des cavaliers professionnels de guerre qui vivent dans des climats chauds.
Les garçons cosaques apprenaient à monter à cheval, à utiliser une épée et à tirer avec un fusil dès l’âge de 10 ans. L’éducation cosaque était rude. Les enfants travaillaient dans les champs aux côtés de leurs parents, et même leurs jeux étaient militaires. Le chant et la danse étaient également des éléments importants de l’éducation des enfants, car un cosaque se devait d’être non seulement sans peur, mais aussi joyeux.
En Russie, il désignait des groupes qui n’étaient pas liés à leur propriétaire. Les Cosaques vivaient d’après un mode de vie saisonnier et participaient à des campagnes militaires pour défendre les frontières, dans le cas des Cosaques de la Pologne-Lituanie » (Tatarenko). En échange d’une certaine autonomie, ces groupes militaires, formé par le mélange de différents groupes ethniques, assuraient la protection des frontières de l’État russe. Ils se mettent au service du roi de Pologne à partir de la fin du XVe siècle. « L’organisation des cosaques ukrainiens date de l’époque où l’Ukraine orientale eut à subir les dévastations des incursions des Tartares de la Crimée et des Turcs, et même les tsars de Moscou ». Ils étaient politiquement dépendants de l’État polono-lituanien, défendant ses frontières Sud et Est. Ces communautés étaient remplies de gens ayant privilégié la liberté et le danger à la vie relativement sûre et dépendante en Russie centrale.
Alors que le servage, les impôts et le gouvernement centralisé commençaient à apparaître en Russie, les terres des cosaques se sont mises à accepter des serfs en fuite, des gens qui avaient des problèmes avec la loi, et quiconque choisissait d’y trouver refuge.
Ils demeuraient à la périphérie des principautés russes, principalement dans le Sud à partir des XIV-XVe siècles, dans des lieux fortifiés, mis en place pour protéger les principautés des tribus nomades qui erraient dans la région appelée « Champ sauvage », entre les terres de la principauté de Vladimir-Souzdal et les mers Caspienne et Noire.
Une stratification s’opère au sein de la communauté cosaque installée sur une île du Dniepr, au centre de l’Ukraine actuelle, avec d’un côté « une élite cosaque, l’armée véritable des Cosaques enregistrés« , et de l’autre « ceux qui restent combattre au gré de leurs alliances et de leurs intérêts. »
« Entre les XVIe et XVIIe siècles, ces Cosaques cherchent à se libérer de la tutelle polonaise et s’organisent politiquement pour fonder l’Hetmanat. Ce régime, bien que bref, est considéré comme le premier État ukrainien. »
L’Hetmanat est une organisation militaire, et un État avec une structure économique et une justice. Vis à vis de ses voisins, la Pologne-Lituanie, la Moscovie ou l’Empire ottoman, il est considéré comme un État sous protectorat, en fonction des alliances qui arrivent au fur et à mesure des négociations. » (franceculture.fr),
Comme leurs relations avec les Polonais laissaient à désirer, des soulèvements et des guerres de libération se produisaient en permanence.
En 1667-1671, la politique du Tsarat de Moscou a provoqué un soulèvement des cosaques du Don connu sous le nom de guerre paysanne de Stepan Razine. Razine, a finalement été livré aux fonctionnaires du tsar par ses compagnons cosaques, car ces derniers voulaient conserver leur autonomie.
Cependant, au début du XVIIIe siècle, les cosaques du Don ont été soumis par Pierre le Grand et leurs terres intégrées à l’Empire.– événement considéré en Russie et en URSS, comme la réunification de l’Ukraine et de la Russie.
L’État russe a été rejoint par une autre grande armée cosaque – les zaporogues. En 1775, l’impératrice russe Catherine II a dissous l’armée zaporogue (celle qui était indépendante) à la suite de la rébellion de Pougatchev ; certains cosaques ont choisi de servir le sultan ottoman, tandis que les autres se sont installés sur les territoires de l’actuelle région du Kouban, devenant les cosaques du Kouban, intégrés par la Russie.
Le recensement de 1897, le premier qui a avancé un nombre de cosaques, a estimé qu’il y en avait environ trois millions (1 448 382 hommes et 1 480 460 femmes). Cependant, leur nombre réel était bien plus important, estimé à environ cinq millions dans tout l’Empire.
Pendant l’époque soviétique, de nombreux cosaques ont subi des répressions, car la plupart d’entre eux s’opposaient farouchement aux bolcheviks. L’effondrement de l’autocratie et la guerre civile en Russie ont douloureusement divisé les Cosaques, les plaçant de différents côtés des barricades. Plus d’une fois, lors de féroces attaques de cavalerie, les Cosaques rouges ont ainsi rencontré leurs frères blancs dans les vastes étendues du Sud de la Russie.
Le gouvernement a alors adopté une politique brutale de décosaquisation et de redistribution des terres menée par les bolcheviks qui a forcé la plupart des Cosaques à se ranger du côté du Mouvement Blanc. Après la victoire, les autorités soviétiques ne l’ont pas oublié. Leur politique a visé à « faire disparaître définitivement le mot « Cosaques » de la langue russe... ».
En 1918-1924, un grand nombre de cosaques ont été exécutés et un nombre encore plus élevé a été déporté. En 1917, la région de l’armée des cosaques du Don était habitée par environ 4,5 millions de personnes, dont la moitié était identifiée comme cosaques ; en 1921, il n’y restait déjà plus qu’environ 2,2 millions de personnes.Il s’agissait déjà d’un génocide.
L’approche claire d’un conflit de grande ampleur à la fin des années 1930 a obligé les dirigeants soviétiques à réviser leur politique à l’égard des Cosaques : une des formations les plus légendaires de l’Armée rouge était la 3e Division de Cavalerie de la Garde, composée principalement de Cosaques du Kouban.
De juillet 1941 à mai 1945*, elle a parcouru 12 700 km sur les territoires de l’URSS, de la Pologne et de l’Allemagne, et a participé aux batailles pour Moscou, Varsovie et Berlin. Ensuite, il est clair que la politique de l’ex URSS fut une politique d’assimilation forcée.
Actuellement, il existe une formation paramilitaire russe appelée « Cosaques enregistrés de la Fédération de Russie ». Elle réunit une hiérarchie de sociétés cosaques russes contemporaines dans différentes parties du pays. On trouve également un Conseil des affaires des cosaques sous l’égide du président de la Fédération de Russie. Il y a environ 140 000 cosaques (membres des sociétés cosaques) actuellement en Russie, et 11 grandes sociétés cosaques enregistrées, mais le nombre de descendants de cosaques s’avère beaucoup plus important.
*Cependant il y a eu des unités cosaques de la Wehrmacht et des SS : l’une des plus importantes de ces formations, fut le 15e corps de cavalerie cosaque des SS, comptant jusqu’à 25 000 personnes à la fin de la guerre de différentes provenances (prisonniers). Les Allemands ont surtout utilisé des Cosaques à l’arrière, dans les Balkans, où ces derniers ont agi contre les partisans locaux et l’Armée populaire de libération de la Yougoslavie. C’est d’ici que les restes des unités cosaques, face à l’avancée de l’Armée rouge, ont traversé les Alpes pour rejoindre l’Autriche et se rendre aux Britanniques. Le 28 mai 1945, environ 50 000 collaborationnistes cosaques, dont des réfugiés des régions cosaques, ont été remis par les Britanniques aux troupes soviétiques. Selon les accords de la Conférence de Yalta, les Britanniques avaient pour obligation d’extrader tous les citoyens de l’URSS qui avaient combattu contre leur patrie.
Le Royaume-Uni en a cependant fait plus et a extradé à Moscou de nombreux émigrants cosaques, qui n’étaient pas citoyens soviétiques et ne pouvaient donc pas être considérés comme des « traîtres à la patrie ». En conséquence, la haute direction du mouvement de collaboration des Cosaques a été exécutée, tandis que le reste des Cosaques a été envoyé dans des camps. Les derniers ont été libérés en 1955.
sources : russiabeyond