Le crime contre l’humanité que constitue l’esclavage est une affaire mondiale , elle n’est pas seulement européenne.* Actuellement , il y a toujours autant, sinon plus d’ esclaves, il suffit de s’informer sur le sort des migrants dont certains sont exploités dans les camps d’internement aux frontières de la Turquie payée par l’Europe pour les contenir, sur le sort des travailleurs clandestins sous payés non déclarés dans les chantiers, et pire encore, sur les enfants utilisés dans les mines à cause de leur petite taille , qui alimentent l’industrie prospére : 50 000 enfants travaillent dans les mines de lithium pour les batteries des véhicules électriques dont on nous rabat les oreilles, exposés à de multiples risques physiques, à des violations et abus psychologiques, uniquement pour gagner un maigre revenu nécessaire à la subsistance de la famille, de même que les enfants qui travaillent dans les mines de cobalt au service d’Apple (cherchez sur internet les articles d’Amnesty international). On commémore le passé et on avance dans l’hypocrisie la plus totale, qui surfe sur le commerce. Voici un pan d’histoire négrière, qui est un peu méconnue en occident :
« En 1698, Zanzibar est passé sous le contrôle du Sultanat de Muscat et d’Oman. Ce dernier se livrait de longue date à un lucratif commerce d’esclaves à travers l’Afrique de l’Est.
Quelques décennies plus tard, le sultan omanais, Sayyid Said Bin Sultan, a encouragé le développement de plantations de girofle à Zanzibar avec l’aide d’esclaves. Au début du XIXe siècle, la demande d’esclaves pour les plantations de canne à sucre principalement à l’île Maurice et à La Réunion s’est intensifiée fortement et a donné une nouvelle impulsion à la traite négrière.
Étant donné que les Sultans de Zanzibar contrôlaient une grande partie de la côte est de l’Afrique et des routes commerciales pénétrant à l’intérieur de l’Afrique, Zanzibar est devenu le principal marché d’esclaves en Afrique de l’Est.
Beaucoup de caravanes partaient de Bagamoyo sur la côte du continent et parcouraient à pied plus de 1300 kilomètres, allant même jusqu’au Lac Tanganyika, achetaient des esclaves aux dirigeants locaux ou simplement les capturaient en cours de route. Les esclaves étaient enchaînés et portaient des défenses d’ivoire sur le chemin de retour à Bagamoyo. Puis de Bagamoyo, les esclaves étaient expédiés, entassés dans des boutres, à Zanzibar, où le marché aux esclaves s’était institué. D’innombrables esclaves mourraient bien avant d’atteindre le marché.
Les esclaves étaient mis en vente sur le marché de Stone Town (la vieille ville de Zanzibar) en fin d’après-midi. Ils étaient placés en lignes, les plus jeunes et les plus petits à l’avant et les plus grands à l’arrière, et ils défilaient pendant que le propriétaire énumérait leur prix de vente.
Après avoir été vendus à un nouveau propriétaire, les esclaves étaient mis au travail à Zanzibar ou expédiés à Oman ou ailleurs dans l’océan Indien. Un riche marchand arabe d’esclaves avait l’habitude d’envoyer en détention les esclaves rebelles dans la petite île de Changuu, située juste au large de Stone Town.
Au milieu du XIXe siècle, environ 50 000 esclaves étaient vendus annuellement à Zanzibar. Ce commerce d’esclaves et celui de l’ivoire qui lui était associé firent de Zanzibar, une ville prospère, célèbre dans le monde entier.
Le marché aux esclaves de Stone Town a persisté jusqu’en 1873, lorsque le Sultan Barghash y a mis fin sous la pression des Britanniques. Ce fut probablement le dernier marché officiel d’esclaves dans le monde.
Les cellules où les esclaves étaient entreposés subsistent. Les esclaves étaient enchaînés dans 15 chambres souterraines, séparés en compartiments pour hommes d’une part, pour femmes et enfants d’autre part.
Jusqu’à 60 esclaves pouvaient être entassés dans chacune de ces très petites chambres avant d’être emmenés au marché. En vue d’obtenir un prix plus élevé, les esclaves étaient nettoyés juste avant l’enchère. Un grand arbre était utilisé comme poste de flagellation pour tester la force des esclaves. Ceux d’entre eux qui ne criaient pas de douleur pouvaient être vendus à un prix plus élevé.
Un monument aux esclaves , mémorial de l’esclavage, a été construit sur le site de l’ancien marché aux esclaves de Stone Town. La sculpture représente cinq esclaves placés dans une fosse aux abords de la cathédrale anglicane. Les esclaves ont un collier autour du cou et sont enchaînés les uns aux autres. La chaîne serait l’une des chaînes originales utilisées à l’époque de la traite négrière.
Hamed bin Mohammed bin Juma bin Rajab el Murjebi, bien mieux connu sous son pseudonyme de Tippu Tip (1837-1905), a été l’un des plus riches marchands d’esclaves et propriétaires de plantations à Zanzibar. Il a mené plusieurs expéditions en Afrique centrale.
Tippu Tip a soutenu plusieurs explorateurs européens sur le continent africain et occasionnellement aidé certains missionnaires. Cet homme habile réussit à établir son ascendance sur un certain nombre de chefs africains ainsi que sur ses rivaux de Zanzibar qui l’avaient précédé dans des expéditions dans le Haut-Congo.
Tippu Tip prit sa retraite en 1891 à Stone Town et écrivit une autobiographie. Il possédait plus de 10 000 esclaves et sept plantations. Il avait un harem personnel qu’il visitait chaque jour. Il est mort en 1905 à son domicile de Stone Town.
La maison de Tippu Tip est située à quelques mètres de l’Africa House Hôtel, un ancien club britannique. Jadis l’une des maisons les plus riches de Zanzibar .
d’après le site Will to go
*Lire aussi « Les négriers en terres d’islam VIIe-XVIe siècle de Jacques Heers » professeur à la Sorbonne