Saturne, notre vieil ennemi, ses limites

Actuellement, Saturne, dit le « Seigneur du karma » dans la tradition,  est encore bien présent en Capricorne, son signe avant de partir dans le signe du Verseau où il y vit ses dernières semaines car il n’y reviendra pas avant 28 ans et demi, aussi faisons un point sur son rôle majeur, il nous ramène en arrière avec la poursuite des ennuis de ce printemps, et nous voilà encore dans ses griffes : bloqués, brimés, coincés, enfermés dans une contrainte qui ne fait qu’aller et venir autour de nous et en nous.

Nous vivons maintenant un carré de Mercure rétrograde à 25°54,  à Saturne direct à 26°21 , qui crée un refus de l’autorité. Mercure rétrograde a fait , ou est encore en train de faire un carré quasi  exact.  Comme Saturne est avec ses adjoints Pluton et Jupiter, cela intensifie l’effet, alors que  Mercure rétrograde remet en cause l’autorité de Saturne paternaliste.

Ce mouvement de Mercure est en rapport direct avec le karmique puisque  l’axe nodal est en Gémeaux-Sagittaire, Mercure étant le régent karmique nord, ce que nous devons faire pour notre bien commun, ou personnel, à savoir communiquer sur le plan pratique. Les mêmes  ennuis nous relient et nous divisent sur toute la planète cette fois-ci.

Saturne est l’archétype du temps, Chronos, comme pour le signe du Capricorne* : devoir, responsabilités, être fort, être sérieux. Saturne va nous limiter, nous tester, et appuyer sur toutes nos commandes, en mettant beaucoup de stop. Là où se situe le capricorne, Saturne qui le gouverne donnera une tonalité de limite et où que soit Saturne dans votre thème, c’est une autorité extérieure, quelqu’un ou quelque chose qui contrôle votre vie, une figure parentale, un enseignant, un gourou, quelqu’un qui a porté beaucoup de jugements sur vous (type ambition maison X).

Où que soit Saturne, vous avez été exposé à un grand nombre de lois. C’est blanc, c’est noir, c’est bon, c’est mauvais, vous devez faire ceci ou cela, il y a eu une influence extérieure, ce n’est pas nécessairement votre vérité, c’est une vérité à laquelle vous vous êtes adaptée, et que vous avez incorporée comme étant la votre.

« Qu’ai-je commis comme erreur » ? « Tout le monde a quelqu’un, un boulot, de l’argent, est heureux, et moi je me sens misérable ». Vous suivez les règles de quelqu’un d’autre et cela ne fonctionne pas, vous voyez les portes se fermer les unes après les autres, il y a des murs partout.

Là où se situe votre Saturne, il est nécessaire de ne pas suivre les instructions d’un supérieur pére ou patron , de trouver votre propre vérité, votre propre puissance. Cela implique un processus de déconditionnement, de départ, de changement, et il faut dire : « ceci est ma place, c’est moi, je suis fort « .

Vous pouvez vous faire  des reproches,  vous juger sévèrement, et juger  les autres, ce qui vous fait passer de mauvais moments, et, qui vous empêche de réussir dans ce que les aînés, vos parents, vos maîtres, vous ont demandé de faire.

Mais Saturne  ordonne :  si vous n’êtes pas supposé aller quelque part,  Saturne mettra un obstacle et  vous direz tout surpris  : « Mais c’est là qu’on m’a dit d’aller ! Et bien non, ce n’est pas pour vous  »

Puis Saturne , vous donne les instructions  exactes, ce sont vos intuitions, ce qui vous pousse vraiment. Vous direz alors : « mais quand faut-il surmonter et quand faut-il abdiquer, car moi je suis obstinée, on m’a dit de l’être ».

En fait, bien avant ! Quand une petite voix vous a dit que ce n’était pas votre route, mais que vous avez continué par orgueil , par amour propre, parce que cette sacro-sainte volonté, votre sacro-sainte famille, culture, environnement, vous disait  « qu’on a rien sans rien. »

Et vous vous êtes usé, épuisé, brisé sur un obstacle pour un  but  qui maintenant ne vous intéresse plus. (Ceci est particulièrement vrai pour les signes fixes, et de terre, qui réussissent mais ont tendance à se plaindre ensuite, de ce qu’ils ont obtenu, car les signes cardinaux et mutables s’arrêtent avant).

Si vous avez un fort Saturne, aspect au Soleil ou à la  Lune, angulaire, seul dans un hémisphère,  apex (en face d’un amas dans une configuration style éventail), vous  avez un complexe de Saturne (Rudyar).

Saturne en I, c’est une âme qui est lente à s’incarner, la première partie de la vie est concentrée, devoirs, espoirs, responsabilités. Vous essayez d’être en phase avec tout ce jugement qui pèse sur vous , vous voulez être conforme, et c’est dur et faux , en même temps. Vous préférez la compagnie des personnes plus âgées car les gens de votre âge ne vous intéressent pas trop.

Saturne en XII, souvent à la limite de la I (orbe jusqu’à 10° dans le même signe : ne pas oublier que cette planète se lève en sens horaire, ne pas chipoter sur 1°) ces personnes paraissent aimables, et souriantes, mais en fait, elles sont rigides intérieurement, disciplinées.

Vous n’êtes pas tout à fait vous, avant le retour de Saturne,  vous vous sentez dans le doute perpétuel,  vous n’avez pas confiance en votre jugement : ces personnes se sentent de mieux en mieux en vieillissant et acceptent de plus en plus les responsabilités, car elles sont de toutes façons appelées à en avoir, puisqu’elles sont sérieuses, intègres. Ce dernier point vaut pour quasi tous les saturniens.

Le lieu de Saturne indique aussi où vous avez fermé la porte,  dans des vies antérieures,  (ou on les a fermé pour nous) ce que vous deviez faire, que vous n’avez pas fait, où vous avez eu peur,  et vous trouvez là une ombre autour de ce que vous n’avez pas fait, compris : elle est figée comme un bloc de glace.

Du coup, vous projetez ces blocs en dehors de nous , vous pouvez faire des reproches aux autres, être  dans le ressentiment, ce qui intérieurement, vous divise encore plus ; il faut mettre le nez dessus, le comprendre, l’extirper : quelques séances de psy peuvent être nécessaires.

Le chemin pour sortir des griffes du complexe de Saturne est de faire ce qui vous fait plaisir,  à savoir,  le contraire de ce que Saturne vous dit de faire, car pour toute action, il y a une action opposée (avant de vraiment faire ce que vous ressentez de plus fort en vous qui sera votre vérité). C’est la polarité. En fait, ici c’est une désobéissance sacrée !

Ces aspects difficiles sont la voie vers votre épanouissement, que vous obtenez après cette prise de conscience qui vous rendra  plus fort.

Une autre facette de Saturne est celle  de la culpabilité qui est toujours importante. Il y en a de deux sortes : il y a celle qui provient des vies antérieures, auxquelles vous ne pouvez rien, pour lesquelles vous devez abandonner la culpabilité, en rapport avec   Saturne rétrograde : ici on vous demande de  refaire , réévaluer. C’est l’endroit où vous deviez  être responsable  des choix que vous aviez fait, de ce que vous aviez construit. Ici il s’agit de  juger et selon le résultat cela force à un changement, et amène vers la croissance et la maturité : il faut évaluer ces difficultés, obstacles et les travailler en vous,  là  où Saturne se trouve, et éventuellement  dans d’autres maisons, secteurs, à cause des aspects avec d’autres planètes. 

Puis, il y a aussi la culpabilité due à vos propres actes contraires aux lois, aux promesses faites. Vous avez fait une erreur, quelque fois c’est grave. Il s’agit de la question du blâme et du pardon : il faut allez à la racine du mal,  pour découvrir votre vérité, et elle n’est pas toujours aussi simple qu’elle en a l’air.

Ensuite , les transits de Saturne sont comme des degrés – premier carré décroissant de Saturne à 21 ans, retour de Saturne à 29 ans,  carré croissant à 36 ans,  opposition autour de 42 ans, second retour à 58 ans, tous les 7 ans un pas dans un sens, croissant puis décroissant, et ça ne s’arrête pas après 58 ans.

Si vous comprenez, vous devenez alors les auteurs de votre vie, vous êtes adultes ; dès lors, vous pouvez passer d’un conditionnement extérieur faux,  devenir responsable de ce que vous expérimentez. Une fois que vous avez expérimenté cette réalité, vous grandissez,  et  vous êtes plus unifié.

Pour finir, Saturne gouverne la peau, et les os, ce qui nous enveloppe et ce qui nous soutient, comme des épouvantails qu’on habille ensuite avec le reste, pour qu’ils aient l’air humain, et si nous sommes très contrariés, c’est là que le corps va se venger. Les problèmes de peau et de rhumatismes viennent de là, ne cherchez pas ailleurs, donc commencez à vous demander ce qui (celui, celle) vous limite, vous enferme, vous contraint, vous restreint au-delà du supportable : votre corps vous parle.

Exemple d’un enfant qui serait né le 17/7/20 à GMT 6 h 14 à Paris Soleil Cancer ascendant Cancer : un Saturne rétrograde en secteur VI opposé Soleil en VII. Le Soleil  affligé par Saturne  (accompagné ici de Jupiter et de Pluton). La personne peut être tentée de reproduire le schéma familial, mais  peut faire ruer la personne dans les brancards (Jupiter ajouté  à Pluton rejette l’autorité,  amplifié par la problématique saturnienne qui donne trop d’ obligations,  ou au contraire la faire  se replier sur elle-même en la confinant strictement à la famille. La place de la Lune – mère a beaucoup d’importance, ici en Gémeaux au noeud sud avec Vénus, une personnalité yin, qui sera fort différente selon que c’est un garçon ou une fille, même dans le monde actuel. A cette période Mercure était direct , et Saturne rétrograde, ce qui était mieux car Mercure filait et Saturne contestait la loi, les deux s’approchant de l’opposition, contestation maximale !

 *Le Capricorne : « sa vie trouve son sens dans sa capacité à s’auto gérer, à ne dépendre socialement de personne, à assumer seul sa survie, il est fait pour l’action autonome à long terme » (Michèle Raulin, dans « l’heure du corps »).

**Ce qu’on voit, est l’amphithéâtre d’Anatomie de l’Université de Padoue en Italie, le premier du genre. Il fut créé en 1574  alors que la vivisection était interdite par l’inquisition : les cadavres étaient dissimulés grâce à une trappe secrète en cas d’interruption de la séance par  un homme d’église : cet amphithéâtre symbolise notre quête, tant par son architecture que par sa destination, puisqu’il ne faut pas avoir peur de descendre l’escalier en spirale de nos vies afin d’observer les cadavres que notre inconscient dissimule :  “Ce n’est pas en contemplant la lumière que l’on devient lumineux, mais en portant son regard sur sa propre obscurité… c’est en établissant l’unité entre l’intérieur et l’extérieur, que l’on accède à la connaissance de soi… “(Karl G Jung).