Depuis Ptomélée, l’Astrologie a évolué. Si l’on aime avoir de vieux grimoires comme Le Traité des révolutions solaires de Junctin de Florence (1522/1590) , nous ne sommes ni historiens ni des augures* , nous sommes devenus des conseillers, par force des « psychologues » , qui utilisent l’astrologie comme une grille de lecture.
Une des particularités des dernières dizaines d’ années est le travail effectué sur les planètes dites trans personnelles, sur lesquelles on a collecté des informations en analysant des milliers de thèmes dans le monde. les constatations sont tellement justes qu’elles permettent de comprendre que les planètes lentes sont porteuses de traits de caractère au moins autant que de valeurs collectives, comme on se plaisait à le dire au siècle dernier.
Zane Stein a découvert Chiron depuis la fin des années soixante-dix, et c’est lui qui a fait le premier ouvrage, dans lequel il a bien défini les caractéristiques de cette planète pour laquelle il a hésité entre la domiciliation en Balance, à cause de l’importance de Chiron pour le couple, et la domiciliation en Vierge pour la médecine. Mais il faut aussi noter la justice, l’éducation, et la musique, Chiron étant un sage indépendant, courageux et avisé. Il n’y a donc rien de définitif et il serait faux , pour moi, de dire que son domicile est en Vierge, un signe de serviteur, de second rôle, car c’est un être d’une grande individualité, ce qui me donnerait une préférence pour les Poissons, qui sont à la fois artistes, emprunt de spiritualité, de patients enseignants, capables d’affronter des situations face aux autres avec beaucoup de détachement. Les anglo-saxons appellent Chiron maverick, une sorte d’original indépendant.
D’autre part, l’astrologie karmique en France et l’étranger, a développé une approche très pointue avec la Lune noire, les nœuds karmiques (voir bibliographie). Les explications semblent bien pauvres pour accréditer une thèse qui n’aurait pas changé depuis Ptolémée. Aussi, il serait bien avisé de bouger les lignes des maitrises, ce qui fait que les raisonnements changent d’autant.
Désormais, comment mettre la maitrise de Saturne sur le Verseau qu’on pare de toutes les vertus et qualités alors qu’il nous envoie des événements foudroyants et violents, et pourquoi ne pas consacrer totalement Neptune aux Poissons, en laissant Jupiter au seul Sagittaire, tandis qu’on mettrait la maitrise du Scorpion sous le sceau de Pluton , non plus de Mars.
Entre le Bélier, yang, positif du printemps, et le Scorpion, yin, négatif, de l’automne qui achève le cycle de la transformation végétale, pas de rapport sinon la force (ci -contre Dessin modifié de Christian Drouaillet, dans l’Astrologie de la Guérison)
La maitrise d’Uranus sur le signe du Verseau change énormément l’explication de l’axe fixe Lion-Verseau : le signe du Lion symbolisant la formation de l’ego, une nécessité de l’individu pour vivre, s’identifier, être, face au signe du Verseau du non-ego dont le symbole est l’éveil, le don ! Il ne peut donc avoir comme maitre Saturne, le triste qui met des limites, frustre les appétits, condamne et juge, le « seigneur du karma, » mangeur d’enfants.
Pour le moment, ce que nous voyons actuellement au moment de cette course vers l’ère du Verseau, c’est un individualisme et une auto-satisfaction forcenée, créant des individus qui servent les robots du Verseau de la nouvelle ère, une généralisation du non-ego qui ressemble plus à une perte d’identité qu’à une élévation, avec face à eux pour combattre cette froideur, des mouvements de solidarité : il semblerait que nous ne soyons qu’au début de nos peines.
*citation de Junctin de Florence: « Saturne dans le milieu du ciel d’une révolution annuelle, engendre l’oisiveté, la nonchalance et l’insouciance » pg 137 ; actuellement, on dirait exactement le contraire : soucis prise de responsabilités, morosité, absence de résultats, sensation de « ramer ».