Ma démarche en citant cet extrait écourté, n’est pas celle d’une spécialiste, je n’entrerai pas dans des discussions de connaisseurs avec toute personne qui serait plus qualifiée que moi sur les écrits de cet immense personnage qu’est Karl Gustav Jung, dont la pensée ne m’est pas suffisamment familière. Mon but est de vous proposer une piste de réflexion.
« L’ombre comprend tous les aspects de notre personnalité que nous ne reconnaissons pas comme les nôtres, qui sont inacceptables en regard de l’image que nous voudrions avoir de nous-mêmes et donner à autrui. Il s’agit en général de côtés que nous jugeons inférieurs, inadaptés ou moralement répréhensibles, qui ont été refoulés, déniés ou clivés et qui de ce fait ne nous laissent pas quittes.
La nature émotionnelle des contenus de l’ombre, entraine leur autonomie dans la vie psychique, leur propension à polariser le champ de conscience et à constituer une menace pour sa cohérence.
Dans les rêves, l’ombre peut apparaître comme un « autre » généralement du même sexe que le rêveur. Mais c’est sous la forme de projections négatives sur un autrui disqualifié, méprisé, honni que l’ombre entraine les effets les plus destructeurs.
Comme tout archétype, l’ombre a une nature ambivalente : à côté des aspects négatifs, elle incarne aussi ce qui a été négligé dans l’édification de la personnalité consciente, le potentiel de l’individu…
Jung a soutenu la nécessité de reconnaître l’ombre, ce qui constitue une première étape du processus d’individuation, et de l’intégrer à la vie consciente, ce qui contribue à désamorcer son pouvoir destructeur…L’ombre est comme un contrepoison aux illusions idéalistes entretenues sur l’essence de l’homme. Elle est ce qui donne à l’homme sa substance, son épaisseur, sa corporéité.
Le phénomène de compensation qui provoque l’activation de l’ombre dans la psyché individuelle, agit également au niveau de la collectivité : sa dynamique s’amplifie et se démultiplie à grande échelle…Dans cette dimension universelle, Jung qualifie alors l’ombre de mal absolu... A la suite des guerres du XXe siècle, il stigmatise et dénonce l’éviction et le déni du mal dans la représentation de la divinité et donc dans la conscience dominante (dans ce cas chrétienne). Privé de substance le mal est tragiquement sous-évalué… »
L’objection que je soulèverais est que cette approche, dans ce texte (extrait de « le vocabulaire de Jung »- Collection ellipse) est limitée à la culture religieuse occidentale, alors qu’elle peut s’appliquer au fonctionnement de l’humanité dans son ensemble, quel que soit le prétexte religieux avancé, parce que ce sont des forces bien plus matérialistes qui en sont la cause, ces forces constituant justement l’ombre de l’humanité prise dans son ensemble.
Ceci nous appelle à penser tristement à ce que certains commencent à reprocher à l’occident, à savoir minimiser la valeur du mal -de la méchanceté- chez les autres, en se livrant à une repentance continuelle.
J’en reviens toujours à la pensée toute simple de Blaise Pascal : »Qui veut faire l’ange fait la bête ». En astrologie, l’ombre est d’abord signifiée par Saturne (selon la tradition), dans sa maison et dans son signe, mais pour moi également la Lune Noire, (avec Priape en face) et le nœud sud, qui indiquent une charge karmique relativement négative, car ces trois notions sont toujours en rapport.