Je continue mes petits articles historiques sur la France, car il faut parfois nous re situer dans notre histoire, pour comprendre notre vie actuelle, vie qui nous façonne. On dit souvent que les juifs se sont laissés faire sans résister et bien, c’est faux.
« Il faut savoir que la Résistance juive s’entend comme la Résistance des Juifs, reflet d’une communauté hétérogène confrontée à une situation mêlant le spécifique et le général. L’engagement des Juifs dans la Résistance reflète la diversité de leur vécu identitaire. Les Juifs français sont très tôt nombreux dans les mouvements qui se créent. Leur démarche est individuelle, ils ne revendiquent aucune spécificité, ni dans les objectifs ni dans les formes d’action, et c’est individuellement qu’ils sont pleinement intégrés au point d’occuper souvent un rôle de direction. Ceci est l’exemple d’un homme dans un réseau, il y en a eu d’autres…
Joseph Bass, juif d’origine russe, est né en 1908 à Grodno, il est spécialiste de brevet en propriété industrielle.
En 1941, il est interné au camp du Vernet d’Argelès *. Il s’évade et rejoint à Marseille le groupe de résistants du musée de l’Homme. Il rencontre Léon Poliakov et le rabbin Zalman Schneerson qui dirige l’A.I.P, où de jeunes juifs sont pensionnaires. Joseph Bass devient leur professeur de dessin industriel. Alors que les rafles commencent dans la région après l’occupation de Marseille par les Allemands, il cherche des cachettes en dehors de la ville, fabrique des faux-papiers. Il accompagne vers la frontière ceux qui ont la force nécessaire pour passer en Espagne, en Suisse. Il subventionne son action avec ses propres fonds jusqu’à sa rencontre avec Maurice Brenner, du Joint de France, qui le finance.
En automne 1942, il se lance dans l’action de sauvetage, initié par des cadres de la Sixième et créé le groupe d’Action contre la déportation, plus connu sous le nom de groupe André. Il a autour de lui, Denise Caraco (Colibri) des EIF et Léon Poliakov. Bass recrute alors des agents, confectionne des faux papiers et trouve des abris dans des instituions ecclésiastiques ainsi qu’à la campagne puis dans les maquis.
Le réseau opère à Marseille, Nice, Grenoble, Lyon, Saint-Etienne et dans la Haute-Loire, fournissant des fausses identités et des cachettes. Bass avait autour de lui, des personnalités diverses telles que le grand rabbin Hirschler, Angelo Donati, Israël Saljer, le grand rabbin de Marseille mais aussi le révérend Père Benoît, le révérend Père Bremond, le pasteur marseillais Heyse.
Après l’armistice signé entre les Italiens et les Alliés, et le départ de l’armée italienne, Joseph Bass s’installe aux environs de Saint-Etienne, dans l’Auberge des Musiciens. Il engage une résistante non-juive, Hermine Orsi, qui a sauvé 45 enfants restés seuls après l’arrestation du Pasteur Daniel Trocmé, neveu d’André Trocmé, arrêté et déporté. Joseph Bass les ramène dans la région de Saint-Etienne pour les mettre à l’abri des arrestations et de la déportation.
Il rencontre le Pasteur Leenhardt et le Pasteur Lemaire, qui lui parlent du plateau de Chambon-sur-Lignon. Il prend contact avec le pasteur André Trocmé et organise une filière pour amener des centaines de Juifs et les cacher sur le plateau.
Pendant l’hiver 1943-1944, Joseph Bass prend contact avec Lucien Lublin de l’A.J. pour créer un maquis au Chambon. L’entraînement a lieu à Chaumargais chez André Chekroun.
Arrêté le 8 février 1944 par la Gestapo, Joseph Bass s’évade. Il écrit alors des tracts en russe, en tatar et en allemand pour démoraliser l’armée allemande et les soldats russes qui y sont incorporés. Des désertions ont lieu. En août 1944, il est présent lors de la reddition de 4.000 soldats au Puy-en-Velay. »
ARJF (Anciens de la résistance juive française)
*1 La défaite entraîne dans les deux zones, l’adoption d’une série de lois antisémites – initiées tantôt par le gouvernement de Vichy, tantôt par l’occupant – qui marginalisent tous les Juifs socialement et économiquement, tandis que de nombreux Juifs étrangers sont internés dans les camps. Puis, dans le cadre de l’application en France de la « solution finale », les Juifs sont raflés en masse, acheminés vers Drancy, avant d’être déportés en Pologne vers les camps de la mort.. Près de 80 000 Juifs de France trouveront ainsi la mort.
D’aprés le site de la résistance juive en France