Il est acquis par les historiens que les fondateurs de l’Espagne sont les Wisigoths (peuple germanique) qui ont dominés la majeur partie de la péninsule ibérique pendant prés de trois siècles entre 420 et 711.
Selon les sources, en 711, Julien, partisan d’Akhila, un duc vassal des rois de Tolède, seigneur berbère indépendant, entre en conflit avec le roi Rodéric qui aurait violé sa fille.
Julien prend contact avec le gouverneur Berbère. En avril 711, un contingent d’environ 12 000 soldats, dont une large majorité de Berbères, commandés par l’un d’eux, le gouverneur de Tanger, prend pied en Hispanie. Rapidement renforcé, il défait une première armée wisigothe commandée par un cousin du roi, appelé Sancho.
Le roi Rodéric, alors confronté aux Francs et aux Basques au nord, doit rassembler une armée pour affronter ce nouveau péril. Cependant, au cours de la bataille de Guadalete le 19 juillet 711, les partisans d’Akhila préférent le trahir. C’est la chute brutale de l’Hispania wisigothe. Rapidement, ils prennent Séville, Ecija et enfin Cordoue, la capitale. En 714, la ville de Saragosse est atteinte.
Les Juifs, maltraités lors des règnes précédents notamment avec leur conversion forcée en 617, offrent un accueil favorable (ce qu’Isabelle la catholique leur reprochera en 1492).
En 716, sur une pièce de monnaie, apparaît pour la première fois le terme d’al-Andalus » désignant l’Espagne conquise, par opposition à l’Hispania des chrétiens.
En même temps, le choc contre la cavalerie franque, revêtue d’armures d’écailles, à la bataille de Poitiers en 732, brise l’élan des cavaliers légers et rapides qui jusqu’ici l’ont emporté sur toutes les terres traversées et les troupes refluent peu à peu sur le sud de la France. Ceci met un terme à la conquête fulgurante qui s’est déroulée jusqu’alors et les conquérants préfèrent maintenant pérenniser la conquête notamment en Septimanie conquise en 719, dont Narbonne devient sous le nom d’Arbûna le siège d’un gouverneur de province pendant quarante ans capitale d’une des cinq provinces d’al-Andalus, aux côtés de Cordoue, Tolède, Mérida et Saragosse. La Septimanie est considérée comme incluse dans les limites d’al-Andalus ceci longtemps encore après sa reprise par Pépin le Bref en 759.
Les maures chassés de Gaule se replient dans la péninsule Ibérique, dans le nouveau pays d’al-Andalus, de 716 à 754. Les troupes maures* ont conquis la quasi-totalité de la péninsule, aidées par l’évêque Oppas de Séville et, oncle du jeune Akhila opposé à Rodéric.
À partir de l’an 718, apparaît dans les Asturies, un mouvement de résistance qui mène peu à peu à la Reconquista, avec un groupe de résistants rassemblé autour d’un chef de la région au lieu-dit Covadonga. Les chrétiens se fédèrent et forment le Royaume des Asturies.
Les récits des moines était de susciter une volonté de résistance parmi les populations vivant dans les vallées des Asturies. La découverte mythique des restes de saint Jacques le Majeur dans le royaume de León fut opportune pour amorcer une ferveur religieuse en ces années de péril. De même, la légende des apparitions miraculeuses de Santiago Matamoros (Saint-Jacques le matamore, le tueur de maure)* à l’occasion de la bataille de Clavijo (844), achève d’inscrire dans les consciences la mission « inspirée par Dieu et voulue par les moines » constituant la refondation de l’unité perdue de la péninsule formée sous les Wisigoths.
La reconquête – Reconquista – mena en fait aux Espagnes, l’unité retrouvée ne prenant forme qu’avec les Rois Catholiques.
*Selon Joseph Pérez, « parmi les envahisseurs de 711, les Arabes proprement dits étaient une infime minorité (…) la majorité était formée de Berbères. (…) C’est pourquoi les Espagnols, pour évoquer cette domination , préfèrent parler de Maures, c’est-à-dire de Maghrébins.»