«La liberté est sans doute la plus banale des acceptions du risque. Qui ne désire pas davantage de liberté, se mouvoir dans un espace plus vaste, ouvrir son quotidien à l’inattendu, qui ne voudrait pas être délivré des contraintes ?
S’offrir des latitudes de voyageur dans une existence assiégée par les obligations, en proie au stress et aux pressions de toutes sortes. Que la liberté soit un objet de désir, pourtant, rien n’est moins sûr…
La liberté est un mouvement d’affranchissement, pas un état stable. Elle suppose une prise de conscience de nos entraves, de ce qui nous retient comme la chèvre de Monsieur Seguin dans l’enclos de nos fantasmes, et qui plus est, avec notre consentement.
La psychanalyse sur ce chapitre est sans équivoque. La liberté est presque toujours illusoire, elle s’appuie sur les conditionnements multiples de notre désir, de notre éducation, notre culture, notre monde, elle s’enracine elle-même dans une idéologie qui n’offre au sujet qu’une échappée belle… dans un espace extrêmement restreint. Celui d’un moi sous séquestre, qui appelle de ses vœux sa propre surveillance.
Que ferait un « moi » qui ne serait pas verrouillé de l’intérieur ? Notre capacité d’agir tient compte, à chaque instant, d’un nombre incroyable de paramètres, certains sont conscients, d’autres moins.
Risquer plus de liberté, c’est nécessairement abandonner quelque chose derrière soi, une quiétude, un partage, un monde familier qui offre, beaucoup de frustrations, mais des repères sûrs, des points d’appui.
La liberté nous enseigne-t-elle ? Pas sûr. Elle nous demande de risquer notre désir comme si c’était une chose infiniment précieuse, un événement unique, une voix impérieuse. D’aller, en somme, là où quelque chose ignoré de nous parle pourtant de nous et nous convoque. La liberté est une convocation.
Mais comment en répondre, puisqu’on ne peut ni la vouloir ni en précipiter l’issue. C’est peut-être une disposition d’être, une « inclinaison » comme on disait si joliment au XVII° siècle, une disposition à l’instant juste, au kairos, à cette intensité qui désigne ce moment où nous sommes vraiment vivants, entièrement. Ce qu’on appelle la chance, ou le destin, n’est sans doute qu’une interprétation possible de cette intensité de présence à autrui et à l’événement. » Éloge de la liberté par Anne Dufourmentelle.
Mon commentaire : ce texte pertinent nous fait comprendre l’ambiguïté de la liberté que l’on revendique pourtant comme un dû ! En astrologie on cherche dans un thème la planète Uranus qui nous donne notre liberté, et ensuite celle qui la contre (le verrou), Saturne.
En fait il vaut mieux que les deux fassent un aspect entre elles, cela augure d’une retenue qui peut être d’une grande protection. Uranus seule, est une planète hautement explosive et dangereuse pour notre insertion dans le monde. Trop de Saturne nous met dans un carcan, trop d’Uranus nous coupe de nos protections.