Il n’existe astronomiquement aucun alignement planétaire durant l’année 2012.
– La mystérieuse planète Nibiru qui se promènerait de temps en temps dans notre système solaire sèmerait la plus grande pagaille dans l’orbite de nos belles planètes, et si cela s’était déjà produit… l’humanité s’en souviendrait.
– Selon les explications fournies en abondance actuellement par les géologues, l’inversion des pôles magnétiques terrestres aurait lieu environ tous les 500 ans et serait suscitée par une concentration importante des planètes dans le ciel. Il y en a eu plusieurs en une trentaine d’année s, dont une majeure en 1982 et 1983 (un tel alignement n’avait pas eu lieu depuis 1454). Mais aucune actuellement ni dans un avenir proche.
– En outre, les variations des pôles magnétiques en question, liés au mouvement du magma terrestre, n’ont rien à voir avec l’orientation Sud/Nord de l’axe de la Terre, orienté vers les galaxies et par lequel se définit d’ère en ère notre étoile polaire. Si vous redoutez, en vous fiant à ces messages d’alerte, que la Terre se retrouve d’un seul coup tête-bêche, cela devrait déjà commencer à calmer votre angoisse.
La précision redoutable de cette soi-disant prédiction maya, jusqu’à en fournir l’heure exacte, fait cependant frémir nombre d’internautes qui la propagent de site en site. Comme s’ils préféraient une bonne fin du monde une fois pour toutes et pour tous à la recherche des moyens plus habiles et plus humanistes de sauver notre univers terrestre.
J’ai du mal à y croire, et tous les arguments pseudo-scientifiques n’arriveront pas à m’en convaincre. Alors, logiciel astronomique et quelques connaissances de la civilisation maya et de l’histoire des divers calendriers à l’appui, j’ai mené mon enquête et réalisé mes calculs personnels sur le sujet.
QUI ETAIENT LES MAYAS ?
Réunissant plusieurs groupes ethniques, la civilisation maya qui incluait le sud du Mexique et l’état actuel du Guatemala s’est particulièrement développée entre les années 200 et 900 après J.C., avant de tomber sous la coupe de l’empire du Mexique. On la connaît pour son écriture (les premières pierres gravées dateraient de plus de 5000 ans), ses pyramides perdues aujourd’hui dans la forêt vierge, et sa remarquable connaissance des mathématiques et de l’astronomie. Ajoutons, depuis que le bruit a commencé à courir sur Internet d’une prévision maya de la fin du monde, également son calendrier sur lequel on peut lire actuellement tout et n’importe quoi.
OUI… MAIS, LE CALENDRIER MAYA DIT QUE…
Dans cette civilisation, on comptait au moins 17 calendriers différents, qui étaient utilisés simultanément mais dont chacun relevait d’un usage particulier : périodes de plantations et de cueillettes, administration, rites religieux masculins ou féminins, durée de l’année, état de paix et état de guerre entre les tribus, etc.
La plupart couvraient des cycles relativement courts. Par exemple, le calendrier Tzolk’in, accordait le cycle de Vénus vue de la Terre, régulait certaines périodes d’importantes célébrations rituelles. Nous y reviendrons. Celui du Haab fixait la durée de l’année : 365 jours et quart. Les astronomes et mathématiciens mayas disposaient donc d’une connaissance assez remarquable des mouvements des astres pour être capables de calculer les années bisextiles.
En combinant le cycle soli-lunaire (une trentaine de jours en moyenne) et le cycle vénusien, ceux qui rythmaient la majorité des circonstances de leur vie, les Mayas obtenaient un grand cycle de 52 ans. C’est à chaque issue de ce cycle qu’avaient lieu de grands sacrifices humains et des feux de veille la nuit sur les rivages du Yucathan… pour chasser les ombres des morts qui en sortant de leurs tombes étaient susceptibles de répandre des maléfices dans l’univers des vivants.
En combinant ces deux cycles avec ceux d’autres de leurs calendriers, les Mayas avaient également défini un grand cycle de 400 ans significatif de périodes de grands changements, fauteurs de troubles et de destruction.
LE « GRAND TEMPS »
En croisant ces divers cycles, les Mayas avait également conclu à l’existence de « grands temps », rythmant la vie de l’homme sur la Terre.
Certains archéologues spécialisés dans la culture maya et aztèque pensent que les pyramides à neuf degrés, existant aussi bien au Yucatan qu’au Mexique sont significatives d’un décompte de « grands temps » qui se seraient succédés depuis la nuit des temps. Une théorie veut que de la base au sommet de la pyramide, chaque étape soit le résultat du grand temps précédent divisé par treize. Il y aurait donc neuf grandes époques (de l’histoire de l’humanité) et celle qui s’achève, la quatrième, aurait commencée en 3314 avant J.C.
En tenant compte de cette hypothèse et de la durée du grand temps actuel, le premier étage de la pyramide représenterait une durée de plus de un million six cents mille années.
Que de grands changements puissent intervenir aussi bien dans la configuration de la Terre que dans la vie des groupes pré-humains puis humains durant des phases historiques aussi longues est évident. Cependant, à l’évidence aussi, même si chaque grand temps symbolise la fin d’un monde… ce n’est pas la fin du monde. Les pyramides n’ont pas surgies de terre, en Egypte et au Yucatan trois mille ans avant J.C. sans que des civilisations avancées (donc survivantes en cas de déluge ou d’autre chose) aient été capables de les construire.
LA » MALEDICTION » DE VENUS
Considérons la date du 11 août 3114 avant J.C. comme celle de la création du calendrier maya sur lequel repose les cris d’alarme actuels. C’est une constante qu’un événement considéré comme majeur par un groupe particulier donne naissance à la conception d’un calendrier.
Comment les Mayas ont-ils définis leur propre date de départ ? Deux théories sont avancées sur ce plan. Selon les archéologues, la grande référence de l’année chez les Mayas était le passage du Soleil au zénith. Donc, le premier jour de l’été, le 21 juin. Une autre théorie repose sur une écriture Maya signant le début du quatrième grand temps : « Vénus est apparue pour la première fois à l’horizon Ouest ».
C’est sur cette dernière version que s’appuient les amateurs de cataclysmes naturels : une planète inconnue serait venue subitement s’interposer entre la Terre et le Soleil. Comme ça ! Sans prévenir !
Il est étonnant, dans ce cas, qu’aucune des civilisations de la lointaine antiquité, tout aussi avancées (Egypte, Vallée de l’Indus, Mésopotamie), n’en aient pas gardé la mémoire. Car Vénus surgissant du néant pour éclater de beauté en étoile du soir… ça se remarque ! Et pas seulement au Yucatan. En outre, un astre d’une telle taille venant se situer sur son orbite aurait dû provoquer un beau chambardement dans l’équilibre orbital des autres planètes du système solaire.
Poursuivons le même raisonnement apocalyptique : dans la mesure où cette apparition miraculeuse de Vénus préside bien à l’origine du décompte du temps maya, il est vraisemblable (échos du Net…) qu’à la toute fin de ce dernier (demain, dans un mois ?), elle devrait disparaître aussi soudainement qu’elle est apparue. Nouvelle catastrophe cosmique en prévision !
Le rébus se résout en prenant en compte la simple observation du ciel. Vénus, dans notre position géocentrique (vue de la Terre), « apparaît » en étoile du soir tous les 18 mois et pour une durée de 263 jours avant de passer entre la Terre et le Soleil et de renaître en étoile du matin. Que les Mayas aient choisi ce jour particulier où après avoir disparue derrière le Soleil pendant une cinquantaine de jours, elle se lève « pour la première fois » à l’horizon Ouest, n’est pas étonnant. D’autant plus que cette planète jouait un rôle capital dans les fêtes rituelles des Mayas. Ces derniers s’appuyaient en particulier sur ses phases pour rythmer les temps de paix et les temps de règlements de compte et de guerre entre les tribus.
VARIATIONS DES CALENDRIERS
La précision de cette date est également fortement sujette à caution dans la mesure où les durées de l’année et les dates de création des divers calendriers ont fortement variées dans le temps.
Ainsi à Rome, l’année débutait en mars et comportait 355 jours et dix mois. C’est Jules César qui, en – 46 avant J.C., instaura l’année de 365 jours sur 12 mois débutant le 1er janvier, à laquelle s’ajouta une année bisextile tous les quatre ans. D’où le nom du « calendrier julien ». Ce dernier figure donc à l’origine de notre calendrier actuel.
L’Eglise, au IXe siècle, conserva ce calendrier mais aurait fait remonter son décompte à la naissance du Christ, telle qu’elle apparaît dans les Evangiles. Elle aurait ainsi délibérément effacé six ou sept années du temps calendaire pour s’accorder sur la date connue du recensement ordonné par Hérode. Information non garantie, mais figurant dans certaines encyclopédies.
Durant la Renaissance, le calendrier grégorien opéra le même tour de passe-passe dans le temps pour s’aligner sur la réalité de la précession des équinoxes (progression d’un degré tous les 72 ans de l’axe de la Terre devant le champs des galaxies). Les occidentaux s’endormirent le 4 octobre 1582 et se réveillèrent le 15 octobre. De nos jours, si nous voulions nous accorder sur la même référence, il faudrait ajouter presque 6 jours à notre calendrier universel.
En outre, les savants Maya auraient révisé leurs calculs de cycles croisés et conclut à une erreur de quatre cents vingt jours en trop pour leur « grand temps » actuel. En fait, le troisième « grand temps » aurait commencé le… 28 octobre 2011.
Dans ces conditions, l’exactitude de la date prévue pour la fin du monde est plus que sujette à caution. C’est pourquoi certains, désireux d’inscrire leur prédiction dans une certaine vraisemblance historique, la situe entre le mois d’octobre 2011 (ouf ! on est sauvés), et le mois de décembre 2012, d’autres en 2014. D’autres, comme l’auteur de la citation figurant en tête de cet article, sont formels : ce sera bien entre le 21 décembre à 7 heures du matin. Heure universelle, de Paris, de New-York ? Ce n’est pas précisé.
La seule chose certaine ce jour-là, c’est que Vénus sera dans sa position d’étoile du matin et que son « apparition miraculeuse » identique à celle du calendrier maya n’aura lieu que le 26 mars 2013.
Il est donc douteux que Vénus, s’arrachant soudain de son orbite le 21 décembre 2012, se mette à jouer au bowling avec les autres planètes du système solaire.
REVENONS AU CALENDRIER MAYA
Laissons de côté tous ces mystères passés ou à venir pour observer comment les Mayas ont conçu réellement ce fameux calendrier. Il s’agit d’un système ingénieux appuyé sur une table mathématique évoluant de 1 à 99999 séquences de vingt jours.
Le temps 0 est donné pour 1. Après 20 jours, le calendrier indique 1.1. Encore 20 jours, et nous sommes en 1.2. A la fin du 1.9, nous passons en 1.2.1. Au bout de 9999 séquences de 20 jours, nous passons à 2.0. Le temps long actuel s’étire ainsi sur 5116 ans pour parvenir à son terme au bout de la 99999e séquence de 20 jours. Nous en sommes à la date approximative qui circule sur Internet… à quelques années et quelques jours près selon les références calendaires utilisées et leurs variations dans le passé.
Plutôt que de refaire un calcul fort aléatoire, je vous propose de résoudre cette énigme par vous-même en répondant à ce quizz.
Le moteur de votre voiture indique99999 kilomètres. Encore un kilomètre et…
1 – Elle vole en éclat
2 – Elle s’envole dans l’espace
– Le compteur revient à zéro
En résumé, l’an 3114 av. J.-C, le premier lever de Vénus en étoile du soir cette année-là, a signé le point de départ d’un calendrier maya établi en fonction des modes de calculs de l’époque. La date réelle d’échéance de ce calendrier ne pourrait être établie qu’avec de nouveaux calculs complexes nécessitant une solide programmation informatique.
Le peuple des Mayas existait nécessairement avant pour avoir été capable de concevoir un tel calendrier… Il est donc vraisemblable qu’un très grand nombre de cycles de 20 jours nous attendent encore après 20″