Camille Claudel,  martyre dans sa famille, Kiron en MIV

Lorsqu’on s’intéressent aux vies des femmes qui sont devenues célébres ou qui devraient l’être, on est frappé  par le traitement injuste qui leur est et a été fait   :  il est temps de mettre la lumière sur les souffrances qui leur ont été  infligées à tous les moments de leur vie par les codes de la société, quelle soit laïque ou religieuse.

Voyons les faits : Camille Claudel vient au monde après la mort d’un frère bien aimé,  sa mère ne lui pardonne pas d’être une fille,   elle s’en désintéresse (c’est un cas fréquent dans ce genre de situation). Camille est une enfant sans doute espiègle, elle n’a pas la faveur de l’amour maternel. Par contre, son père s’aperçoit très tôt de ses dons artistiques et va même jusqu’à déménager pour qu’elle puisse suivre des cours de sculpture à Paris, avec Rodin.

La mère ne vient pas tout de suite : entre-temps est né le petit Paul qui deviendra le célèbre écrivain mystique dont on a encore entendu parlé lors de la réouverture de Notre-Dame de Paris, puisque qu’il a « retrouvé la foi derrière un pilier ». Lui, c’est « l’enfant de remplacement » qui  comble le désir de fils.

Camille, jeune fille admirative,  tombe sous la coupe de Rodin  son mentor de 24 ans son ainé, qui la met enceinte, la fait avorter plusieurs fois, ne reconnait pas son bâtard, ne quittant pas sa compagne régulière. Leur  liaison a duré sept ans, de 1886 à  1893, durant lesquels elle a montré qu’elle avait un réel talent, mais en choisissant des sujets très féminins, à l’encontre de ceux de Rodin !

On  parle peu  de la cruauté de Paul envers sa sœur qu’il punit de son inconduite , en  la faisant enfermer à cause de ses crises de nerfs, et ce  durant trente ans  , alors qu’il court le monde.

Comme on le sait maintenant les avortements* et la non reconnaissance d’un homme, peuvent peut-être conduire à certaines crises d’hystérie qui sont de la violence que l’on retourne vers soi-même : un homme se servirait de ses poings et se contenterait de se venger ainsi, mais une femme s’effondre dans les larmes et les cris, d’autant qu’à cette période,  elle n’était soutenue par aucune loi.

Le véritable responsable étant  Rodin, qui a vu dans cette femme douée de talent,  une rivale :   la sacrifiée fut donc Camille   pour laquelle  Paul, si croyant, si mystique, si vertueux, n’a pas daigné avoir la moindre parole de réconfort  ; eut-il seulement  le moindre geste de reproche envers celui qui fut coupable  par son ascendant sur cette jeune fille admirative ?

Pourtant,  on les encense encore  ces deux drôles de paroissiens !

Madame mère, qui ne fut pas en reste dans l’abjection, se contenta d’ignorer pendant trente ans les lettres de sa fille, qui réclamait qu’on la sorte de son emprisonnement puisqu’elle n’avait plus de crises, n’ayant  puisque plus d’amant. Claudel fit le sourd, et ne la visita que douze fois.

En 1914, alors qu’Auguste Rodin préparait l’établissement de son musée dans l’hôtel Byron, Mathias Morhardt lui proposa d’y réserver une salle aux œuvres de Camille Claudel,    toujours vivante. Rodin approuva l’initiative, mais Paul Claudel s’y opposa catégoriquement ;  Puis Rodin meurt le 17 novembre 1917 et c’est l’oubli. Elle meurt  le 19 octobre 1943 dans un asile à Avignon,  asile français, où l’ on sait que les internés sont morts  de faim, en un an cette année là ***.  Elle avait 75 ans.

Camille fut une martyre de sa famille, – Kiron en MIV – de son temps,  moins ordinaire que d’autres et son œuvre  extraordinaire est enfin reconnue et  les critiques disent que  Rodin  qui a vécu prospère et reconnu, lui doit beaucoup artistiquement parlant.

On voit dans cette histoire plusieurs choses :  un homme célèbre, lâche,  qui profite d’une jeune femme éperdue d’amour pour lui, lui faisant des enfants et la rejetant, sans prendre aucune  responsabilité,

On voit l’amour de la mère pour le petit frère Paul du « bon » sexe, « enfant de remplacement » d’un bébé de sexe masculin mort avant lui, 

On voit l’abandon total de la mère, elle-même prise dans ses contradictions dans un monde  patriarcale, où la psychologie était balbutiante.

On voit, un frère enterrant vivante sa sœur sous prétexte des conventions d’une bourgeoisie bien-pensante – son oncle étant prêtre- qui  part faire une belle carrière d’ambassadeur-écrivain  à l’autre bout du monde, sans s’en préoccuper.  (A cette période , on  a vu aussi ce genre de situation en Allemagne où une femme peintre et mère de famille faillit être internée parce qu’elle avait quitté son mari, pour aller suivre des cours de peinture à Berlin, le mari ayant tout pouvoir sur elle).

Paul Claudel, né le 6/8/1968 à 4 h  était Soleil Lion AS Lion, lune en Poissons en MVIII, sur le Kiron de sa sœur en Poissons en MIV,  et  l’ amas en  MXII Uranus-Mercure-Vénus en Cancer,  trigone à la Lune en MVIII en Gémeaux, carré à Neptune – Jupiter au MC en Bélier ;

Vénus en MXII conjointe Uranus, Mars rétrograde, Saturne en MV, la Lune noire en MVII, sa mère abusive et sans doute pleurnicharde ,  pourrait indiquer chez lui des problèmes sur le plan affectif, amoureux et même sexuel, d’où cette attitude intransigeante : on sait que le mysticisme est souvent une sublimation des questions sexuelles. Il est clair qu’il ne pouvait prendre sa sœur en charge personnellement, mais il aurait pu passer outre le désintérêt de sa mère pour sa sœur, car cela ne cadrait  pas avec leurs convictions : pour eux, l’asile c’était la prison pour une femme coupable d’assassinats et d’adultère. Sa mère l’avait sans doute trop couvé , et son père l’avait délaissé pour sa sœur (un presque carré Soleil en Lion, 13° Saturne fin du Scorpion, Soleil 13° carré Pluton 17°, ce qui fait qu’il du fuir, pour vivre sa vie.

On a Rodin,  né le 12/11/1840 à Paris à midi. Scorpion AS Capricorne, quioffrait un profil dur, en  amant irresponsable,  qui profite de son ascendant sur une gamine, sur laquelle repose toute la faute, selon une morale où la femme est toujours la pécheresse. On sait que même le XXIem siècle met du temps à bien penser des choses « naturelles », et  à quel point une nouvelle lecture, un partage des responsabilités, devrait remettre les choses à leur  place, et les mauvaises actions  des hommes à la leur sans que rien ne soit jamais gagné.

Voici le thème de Camille, née le 8 décembre 1864 à 5 h à la Féré en Tardenois. Camille avait Kiron en MIV, boitait légèrement,  mais elle était jolie. Elle est Sagittaire AS Scorpion. Sa conjonction du Soleil à Jupiter a forcément été un d’ailleurs opposé à Mars rétrograde en MVII. J’ai déjà fait remarquer qu’un Mars rétrograde chez une femme, amenait souvent des amants ou mari peu décideurs, pour ne pas dire peu « virils », c’est le cas de Rodin dont la lâcheté n’a pas eu de bornes.

Sa Lune en Bélier –  Paul, son frère avait la lune en Poissons – indique effectivement que c’était elle, la femme forte qui fut aveuglée par ce Neptune rétrograde en conjonction, Neptune et Lune trigone à son Soleil Jupiter étant facteur de grande fécondité pour son plus grand malheur.

La situation d’Uranus en Gémeaux, en MVIII, sesquicarré à l‘AS indique un tempérament  insoumis et originale, mais Vénus en quinconce à Uranus  indique que les avortements ne furent certainement pas faits de bon cœur, sachant la dangerosité de ces actes à cette période. Nous nous trouvons devant une opposition Soleil-Uranus, Mercure – Uranus avec une lune en Bélier qui donne souvent des personnes très yang dans un corps féminin, ce qui à cette époque  n’était pas facile à vivre.

D’autre part, on note l’interception des signes du Verseau maitrisé par Uranus en maison VIII, et du Lion en MIX maitrisé par le Soleil en Sagittaire en MII (voir Nota).

Neptune en Bélier  en MV est l’alliance de Mars et du doute, Mars étant dans le signe double des Gémeaux, maitre-régent du nœud nord dans son axe nodal en Taureau-Scorpion. Pluton, le second régent se situant d’ailleurs au nœud sud, ceci indiquant la disparition de l’enfant avant sa naissance, mais sans doute aussi les morts successives de certains de ses enfants volontaires ou non.

Cet axe Nodal entre Taureau – Scorpion avec le Scorpion en MXII et à l’AS, indique un programme difficile dans cette vie là, et une grande souffrance.  Saturne en MXII conjoint au nœud nord étant aussi la marque de son emprisonnement à vie, de son abandon par les personnes représentant l’ordre, notamment en carré avec sa Vénus, maitresse des maisons liées  MXI et XII en Balance. En face, on trouve les  MV et VI en Bélier, indiquant le lien entre l’amour, la création, l’enfantement, et la maladie et le travail., le tout maitrisé par ce Mars rétrograde, qui fait un sesquicarré à Vénus.

 

Nota : on peut lire les excellentes et complètes explications psychogénéalogiques de Catherine Gestas dans ses livres, qui traite de la jalousie dans la fratrie.

*Exceptée une exposition en 1949,  Camille Claudel tombe dans l’oubli pendant plusieurs décennies.  C’est durant les années 1980  que commence la lente reconnaissance de son œuvre grâce au travail des historiens de l’art, qui aboutit à l’ouverture du musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine, en mars 2017.

**Rodin et Camille auraient eu deux enfants dont Auguste,  non reconnus   par Rodin, et Camille aurait subi plusieurs avortements. Puis de son mariage en 1862, à trente six ans, naîtront quatre enfants, Charles-Henri, né en août 1863, qui meurt quinze jours après sa naissance, Camille, née le 8 décembre 1864, Louise- Jeanne, née le 12 février 1866, et Paul, né le 6 août 1868. Historienne de l’art, codétentrice du droit moral sur les œuvres de Camille Claudel, dont elle est la petite-nièce, Reine-Marie Paris, a consacré plus de 40 ans de sa vie à retrouver, dévoiler et révéler la vie, l’œuvre et l’art de sa grand-tante.

*** Ces faits sont avérés par plusieurs études, et furent reconnus durant la présidence de François Hollande.